Une jeune femme de 17 ans a été agressée à Chêne-Bourg le mois dernier, menacée avec un couteau par deux jeunes qui voulaient la dépouiller. Toujours dans la rue le mois dernier, des bandes rivales se sont bagarrées à Vernier. Une victime a reçu un coup de couteau au cervelet… Par chance, elle s'en est sortie sans trop de dégâts. Suite à une rixe entre latinos sur la plaine de Plainpalais, il y a quinze jours, un homme a cherché refuge dans un bistrot avec un couteau planté dans le dos… En février dernier, sept hommes âgés entre 22 et 30 ans, originaires d'Afrique du Sud, ont été arrêtés après cinq agressions commises avec des couteaux de cuisine entre Plainpalais et l'Usine. Comment ne pas évoquer également cette sordide agression d'un sexagénaire dans le train entre Genève et Brigue, fin mars, où six jeunes armés de couteaux l'ont blessé au thorax et près du cœur…
Augmentation
Cette liste inquiétante d'agressions commises avec des objets usuels pointus que l'on trouve à la maison n'est pas exhaustive. Elle démontre que cette flambée de violence à l'arme blanche a de quoi inquiéter. Pour mémoire, dans le canton, on dénombrait il y a cinq ans une vingtaine d'agressions par année avec des armes tranchantes et pointues. En 2011, les urgentistes et la police estimaient entre 5 et 7, les blessures infligées par armes blanche chaque semaine (GHI 21.04.2011). «Face à cette recrudescence d'utilisation de l'arme blanche, nous sommes équipés depuis 2006 de gilets et de gants pare-couteaux, relève Eric Grandjean, Officier de presse à la police.
Auto-défense
Autre constat: les couteaux de cuisine sont de plus en plus utilisés comme… arme d'auto-défense! A l'image du témoignage d'un jeune de 18 ans: «J'étais dans une boîte de nuit et je discutais avec une fille. Soudain, sans la moindre raison, sa copine m'est tombée dessus avec un couteau de cuisine énorme qu'elle essayait de me planter dans le thorax!» En réponse à cet acte barbare, le jeune homme a décidé, lui aussi, qu'il porterait désormais une arme blanche sur lui. «Uniquement pour me défendre», se justifie-t-il.
Objets usuels
«Bien que Loi sur les armes interdit les couteaux pouvant s'ouvrir d'une seule main – les couteaux papillon, les couteaux à lancer et les poignards à lame symétrique – tant au sein de la police qu'en milieu hospitalier, on constate que les jeunes s'arment avec des objets de tous les jours: «Comme des couteaux de cuisine, des tournevis ou des cutters», précise Eric Grandjean.Depuis lundi 23 avril, une nouvelle brigade anti-criminalité (BAC), composée de neuf gendarmes et de neuf inspecteurs de l'ex-brigade judiciaire de voie publique, a été constituée dans le but de combattre l'explosion de la violence de rue. La BAC a pris ses quartiers aux Pâquis et lutte principalement contre les vols à la tire, les vols à l'astuce et les agressions de rue. Elle contrôle également, préventivement, le port d'armes blanches. La police annonce un premier bilan le 23 mai prochain.
«De plus en plus de jeunes s'arment d'un couteau dans l'idée de se défendre»
ERIC GRANDJEAN, Officier de presse