Genève évite à ses cafés-restaurants de boire la tasse

L’Etat, les milieux de l’immobilier et l’Asloca ont conclu une nouvelle convention visant à aider les enseignes les plus fragilisées. Explications.

  • Pierre Maudet, conseiller d’Etat en charge de l’Economie, a réussi à réunir tous les acteurs du monde de l’immobilier autour de la table des négociations pour parvenir à un accord. DDE

    Pierre Maudet, conseiller d’Etat en charge de l’Economie, a réussi à réunir tous les acteurs du monde de l’immobilier autour de la table des négociations pour parvenir à un accord. DDE

Très bonne nouvelle. Après avoir renouvelé leur accord pour exonérer les petits entrepreneurs de leur loyer du mois de mai (lire encadré), les milieux immobiliers genevois et ceux de défense des locataires, sous l’égide du Département du développement économique (DDE), ont scellé jeudi 30 avril un nouvel accord historique. Son but? Offrir un ballon d’oxygène à un plus grand nombre de locataires commerciaux jusqu’au mois de juin. Particulièrement visés par les nouvelles mesures: les restaurants, cafés, bars et tea-rooms qui n’ont pas été autorisés à rouvrir le 27 avril, et dont les loyers dépassent cette fois 3500 francs par mois. «Que ce soit dans le cadre du protocole d’accord ou en dehors de celui-ci, nous appelons les bailleurs et les locataires à dialoguer de manière solidaire et responsable pour trouver des solutions à cette crise», insiste Pascal Pétroz, président de la Chambre genevoise immobilière (CGI).

Appel à poursuivre les négociations

Même son de cloche du côté de l’Asloca, l’association de protection des locataires qui s’est beaucoup engagée pour faire aboutir les efforts de concertation: «En l’absence de mesures décisives de la Confédération, les solutions trouvées ne peuvent malheureusement pas être appliquées à tous les bailleurs sans leur accord», précise l’avocat et conseiller national socialiste Christian Dandrès. Avant de poursuivre: «J’invite les entreprises qui obtiennent une remise de loyer à protéger leurs employés, afin qu’ils perçoivent leur salaire et puissent à leur tour payer leur logement. J’appelle également le Conseil d’Etat et les milieux immobiliers à poursuivre les négociations, afin d’éviter que les locataires frappés par la crise ne perdent leur toit», renchérit-il.

Pragmatisme et solidarité

De leur côté, les milieux immobiliers remercient d’une même voix le conseiller d’Etat Pierre Maudet «d’avoir mis tout le monde autour d’une table et d’avoir nourri le feu sacré d’un accord». Les arguments juridiques ont rapidement été mis de côté pour laisser place à un pragmatisme empreint de solidarité. «Ce n’était pas évident. Mais assez vite, nous avons tous compris que les locataires n’avaient pas d’intérêt à perdre leurs locaux, et qu’il n’était pas dans celui des propriétaires de perdre leurs locataires», conclut Pascal Pétroz.

«L’aide de l’Etat a été un élément déclencheur»

Jeudi 30 avril, les milieux immobiliers genevois, ceux de défense des locataires et le Département du développement économique (DDE) ont également renouvelé pour le mois de mai leur accord d’exonération de loyer pour les petits entrepreneurs locaux. A ce jour, plus de 2000 enseignes ont bénéficié de cette mesure pionnière en Suisse, suivie par près de 90% des propriétaires, et reprise par d’autres cantons. «L’aide de l’Etat a été un élément déclencheur important de cette opération, dont on peut déjà dire qu’elle est très favorable à la préservation de notre tissu économique local», résume Thierry Naz, président de l’Union suisse des professionnels de l’immobilier Genève.