Inscription au patrimoine de l’Unesco: l’Escalade en rade

Alors que les habitants sont privés de cortège historique, le classement de l’événement genevois au patrimoine mondial immatériel piétine. Explications

  • Le cortège de l’Escalade est «l’une des plus grandes fresques historiques vivantes de Suisse

    Le cortège de l’Escalade est «l’une des plus grandes fresques historiques vivantes de Suisse, voire d’Europe». LUC BUSCARLET

  • LUC BUSCARLET

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C’est une bataille qui ne se gagne pas en une nuit… Objectif: l’inscription de l’Escalade à l’Unesco. Plus précisément sur la Liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

A l’heure où Genève est privée de cortège pour cause de Covid-19, où en est cette démarche? «C’est un véritable parcours du combattant savoyard», résume le député PLR Vincent Subilia. C’est lui qui, en décembre 2017, alors qu’il était conseiller municipal en Ville de Genève, a initié le mouvement en déposant une motion. Un texte qui a connu pas moins de 16 reports avant d’être enfin accepté par le Conseil municipal le 26 mai 2020.

De quoi redonner de l’élan à Vincent Subilia qui appelle désormais à un «engagement déterminé et rapide de l’exécutif de la Ville de Genève pour décrocher ce sésame qui porterait un message d’espoir alors que l’édition 2020 du cortège historique est annulée pour des raisons sanitaires évidentes. Une telle inscription au patrimoine de l’humanité de l’Unesco bénéficiera également à tous nos acteurs économiques, en développant l’attractivité de Genève.»

800 personnes costumées

Même son de cloche du côté de la Compagnie 1602. Le vice-président Jean-Paul Vulliety indique que le cortège avec ses 800 personnes costumées et ses 60 chevaux est «l’une des plus grandes fresques historiques vivantes de Suisse voire d’Europe. Il s’agit d’une belle fierté genevoise qui pourrait devenir une fierté fédérale grâce à ce classement.»

Sur le fond, le maire de la Ville, Sami Kanaan abonde dans son sens. «L’Escalade est une tradition très importante pour l’histoire mais aussi, plus globalement, pour la culture genevoise», estime-t-il. Et de souligner que «la commémoration de l’Escalade a changé du tout au tout au fil des siècles passant d’un vaste carnaval irrévérencieux à un défilé militaire pour être aujourd’hui une fête populaire et historique chère au cœur des habitants de Genève et même au-delà!».

Des règles complexes

Le classement à l’Unesco ne se fait pas en un claquement de doigts… «Cela relève de règles complexes et n’est pas du ressort de la Ville, mais de la Confédération en coordination avec le Canton de Genève», poursuit Sami Kanaan.

De son côté, le Conseil fédéral a approuvé en octobre 2014 une liste indicative de huit traditions vivantes en Suisse. Elles seront présentées successivement à l’organisation onusienne pour figurer à terme sur la Liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

La liste indicative comprend la Fête des Vignerons, le Carnaval de Bâle mais aussi la gestion du danger d’avalanche (avec l’Autriche), le yodel ou encore les savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art. Mais pas l’Escalade.

Autrement dit la mère Royaume et le pétardier Picot devront encore patienter avant de décrocher cette reconnaissance mondiale.