L’avocat low-cost en ligne débarque à Genève

PREMIÈRE • 120 francs la consultation pour rendre la justice accessible au plusgrand nombre grâce au numérique, c’est le défi lancé par monavocatenligne.ch. Un site qui fait entrer la profession d’avocat dans la révolution du web. 

  • Maître Pierre Bayenet est avocat et concepteur du site monavocatenligne.ch. GIM

    Maître Pierre Bayenet est avocat et concepteur du site monavocatenligne.ch. GIM

«La création de ce site web, inédit en Suisse romande, a pour objectif de faciliter les démarches juridiques en proposant des outils de communication internet d’aujourd’hui. Le tout, sans nuire à la qualité du conseil personnalisé», résume Pierre Bayenet, avocat au barreau de Genève et concepteur du projet. 
 
Pas de mauvaise surprise
Son pari? Faire bouger le métier d’avocat en le rendant facilement accessible au plus grand nombre grâce au numérique et à des tarifs préférentiels. «Effrayées par des coûts prohibitifs et difficilement contrôlables, de nombreuses personnes renoncent aux services d’un avocat et finissent par compliquer sérieusement leur situation sans savoir à qui s’adresser», constate Pierre Bayenet. «Avec la plateforme monavocatenligne.ch, pas de mauvaise surprise. Payée d’avance, la consultation forfaitaire s’élève à 120 francs par question. Ce prix comprend notamment un échange téléphonique, des e-mails et une réponse écrite, simple, claire et précise dans les 24 heures ouvrables», promet celui qui a commencé sa carrière dans une permanence juridique des Eaux-Vives.
 
Absence de contrainte horaire
«L’idée de permanence est géniale mais il fallait la moderniser, faire entrer la profession d’avocat dans l’ère du web», plaide Pierre Bayenet. Avant de préciser: «Grâce à son absence de contrainte horaire, monavocatenligne.ch met au placard les rendez-vous ou les déplacements. Le site est idéal pour les responsables de PME ou les particuliers qui bossent toute la journée. Il est pratique aussi pour tous ceux qui ont du mal à se déplacer pour des raisons de santé ou qui n’ont pas le courage d’expliquer, face à face, leur cas ou une problématique intime. Pouvoir se renseigner en dehors des heures usuelles de consultation est aussi un atout majeur pour les Suisses de l’étranger et, plus largement, les francophones qui ont un problème juridique avec la Suisse.» 

Sécurité
Côté sécurité, Pierre Bayenet assure que toutes les mesures ont été prises pour protéger des données a fortiori confidentielles et sensibles. «Hébergé en Suisse, le site est sécurisé et authentifié https. Par mesure de précaution, le contenu de la consultation ne sera pas transmis par e-mail. Les clients devront consulter leurs réponses au moyen d’un lien d’accès. Tout est mis en place pour se prémunir contre la cybercriminalité ou un risque de piratage.» 
 
Concurrence déloyale
Reste à évoquer les questions qui fâchent. Réduire les tarifs, jouer les francs-tireurs numériques risque de contrarier une profession qui ne verra pas forcément d’un bon œil cette tentative de faire bouger les choses. «Je me sens serein sur toutes les questions liées notamment à une concurrence déloyale. Depuis de nombreuses années, je propose des consultations à tarif préférentiel dans mon cabinet. Avec ce site, j’apporte une solution pionnière et économique pour connaître ses droits et les défendre. J’ajoute que mes tarifs ne serviront pas à payer des locaux hors de prix. Situés à la Gravière, les miens sont simples et fonctionnels. Je préfère que mes clients me paient pour avoir un bon service que pour entretenir des bureaux prestigieux.» 
 

«Les tarifs n’ont rien d’exceptionnel»

«Tout ce qui peut rendre la profession d’avocat accessible est un bonne chose», analyse Me Robert Assaël, président de la Commission pénale de l’ordre des avocats. Avant de nuancer: «Les tarifs du nouveau site n’ont rien d’exceptionnel. Je rappelle que la permanence de l’Ordre des avocats propose déjà des consultations à 60 francs. Cela fonctionne très bien. Il me semble aussi très difficile d’expliquer un cas compliqué uniquement au moyen des outils internet qui ne sont pas utilisés par tout le monde, en particulier les personnes âgées. L’efficacité passe par le contact direct avec le client, déshumaniser la profession est une erreur. Quant aux déplacements, il nous arrive d’aller chez le client s’il est dans l’incapacité de venir à l’étude. Enfin, je suis convaincu que les avocats pratiquent aussi des tarifs réduits.»