Le grand feu d'artifice est annulé

Le Conseil d’Etat a autorisé Genève Tourisme et Congrès à supprimer l’édition 2020. Interview exclusive de la présidente de la fondation, Sophie Dubuis.

  • Le grand feu pyromélodique n'illuminera pas la Rade cette année. 123RF/LOREN FILE

  • Sophie Dubuis, présidente de la Fondation Genève Tourisme & Congrès. DR

C’est un nouvel effet collatéral de la pandémie: il n’y aura pas de grand feu d’artifice cet été. Ainsi en a décidé la Fondation Genève Tourisme et Congrès (GT&C). L’organisation du spectacle pyromélodique étant inscrite dans la loi cantonale, la fondation a demandé son aval au Conseil d’Etat, comme l’a indiqué le «Matin Dimanche» du 26 avril 2020. L’autorisation de l'Exécutif est tombée ce lundi 27 avril. Sophie Dubuis, présidente de la fondation, nous livre les raisons de l’annulation de cette attraction touristique majeure, l’un des plus importants feux d’artifice d’Europe, qui réunit chaque année des centaines de milliers de spectateurs.

GHI: Pourquoi avoir demandé l'annulation? 
Sophie Dubuis: Les raisons qui ont motivé notre décision sont claires. Nous avons d’abord pris en compte la situation sanitaire et son évolution incertaine. Nous avons également pris note des réflexions du Conseil fédéral pour les prochains mois, et de l’annulation de certains grands festivals pour leur édition 2020. Nous manquons totalement de visibilité quant à l’état de la situation sanitaire et des mesures de protection de la population pour cet été. Il est difficile d’imaginer que les conditions seront réunies pour un rassemblement populaire regroupant près de 400'000 personnes début août.

- En plus de la raison sanitaire, il y a aussi des raisons financières? 
- Un tel spectacle nécessite une planification anticipée et plusieurs mois de préparation. Il engage le travail de nombreux acteurs et prestataires - artificiers, logistique, équipes techniques -, et des services de la Ville et de l’Etat de Genève. En tant que coordinateur de l’événement, la Fondation GT&C se doit d’anticiper, notamment pour éviter d’engager des investissements à perte, ceux de la fondation et ceux des prestataires et partenaires de l’événement. Dans le contexte actuel, prévoir un rassemblement festif de grande ampleur tel que le grand feu n’est pas raisonnable.

- Le feu, c'est un symbole très fort de Genève. Ne craignez-vous pas un dégât d'image? 
 
- Le feu pyromélodique est un grand rendez-vous populaire pour les Genevois et les visiteurs. Il manquera certainement à de nombreuses personnes cette année, comme beaucoup d’autres manifestations et festivals cet été. C’est à regret que nous avons demandé son annulation. Mais nous sommes convaincus du bien-fondé de notre décision: sur le plan de la sécurité sanitaire d’abord, et également sur le plan financier. 

- L’annulation va pourtant entraîner un manque à gagner… direct et indirect
- Le coût d’un tel événement avoisine un million de francs. Le maintien d’un événement d’une telle envergure, dans les conditions d’incertitude que nous connaissons, présente un risque financier plus important que son annulation. De plus, 2020 restera une année particulièrement douloureuse pour l’industrie touristique et 2021 reste incertaine; nous focalisons tous nos efforts sur le soutien que nous pouvons apporter à nos partenaires, acteurs du tourisme genevois, et à préparer les jours d’après.