L’horlogerie vit des heures sombres

Avec la fermeture des ateliers et des boutiques, le secteur est profondément impacté par la pandémie de coronavirus. Selon certains experts, cette crise majeure se poursuivra au-delà du déconfinement. Provoquant la faillite de nombreuses marques.

  • En 2020, les exportations horlogères devraient chuter d’au moins 25%. UNSPLASH

    En 2020, les exportations horlogères devraient chuter d’au moins 25%. UNSPLASH

Au début de la crise du coronavirus, les horlogers ont été nombreux à minimiser son impact. Depuis, le discours a changé radicalement. Ils sont désormais unanimes à marteler que le secteur vit un véritable cataclysme économique. La dernière étude publiée par la banque Vontobel le confirme sans détour: «L’industrie horlogère suisse connaîtra le recul le plus important de ces cinquante dernières années.» Pour 2020, la chute des exportations se chiffrera à au moins 25%, pour autant que les boutiques rouvrent en mai ou en juin sur l’ensemble du globe. Un scénario clairement optimiste qui a peu de chances de se réaliser. Laissant craindre des dégâts encore plus importants pour le secteur.

Rester optimiste

Grégory Pons, éditeur de Business Montres, annonce un véritable raz-de-marée: «Les patrons les plus réalistes estiment que le premier semestre de l’année est mort et que la reprise horlogère se fera en septembre. D’ici là, les ventes devraient être sporadiques. Je pense qu’une cinquantaine de maisons horlogères seront au tapis et plusieurs milliers d’emplois auront disparu.»

Une prédiction alarmante nuancée par Olivier Müller, spécialiste du secteur et fondateur du cabinet LuxeConsult: «J’essaie de rester optimiste, les ventes ont déjà un peu repris en Chine, on peut espérer un scénario identique en Europe. Reste à savoir quand, ce qui est encore impossible à prévoir.» Un optimisme prudent partagé par Charris Yadigaroglou, directeur communication de la marque horlogère genevoise MB&F: «Une fois cette crise passée, le secteur va se reprendre, les gens aiment les montres.»

Reprise prévue pour 2021

Dans un message adressé aux 450 entreprises et associations horlogères du pays, Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse, se veut aussi rassurant: «J’espère vivement que nos entreprises vont passer cette période problématique sans être trop affectées dans leur substance pour redevenir pleinement opérationnelles lorsque les jours seront redevenus meilleurs: l’horlogerie suisse sera bel et bien présente lorsque les gens pourront à nouveau ressentir des émotions positives et auront envie de se faire plaisir.»

De quoi faire bondir Grégory Pons: «En plein confinement, avec une horlogerie presque totalement en panne et des trésoreries asséchées, il vaudrait mieux que la nomenklatura horlogère, ces bureaucrates qui ne craignent pas directement pour leur salaire à la fin du mois, ne profère pas publiquement trop d’âneries.» Au-delà des divergences, l’étude de la banque Vontobel conclut qu’en 2021, l’industrie horlogère devrait afficher une hausse d’environ 15% de ses exportations.

Nouveau salon horloger à Genève

Patek Philippe, Rolex, Chopard et Tudor quittent Baselworld pour créer, en collaboration avec la Fondation de la haute horlogerie, un nouveau salon horloger à Genève. Il se tiendra à Palexpo, en même temps que Watches & Wonders, au début du mois d’avril 2021. Ce nouveau retrait pourrait marquer la fin de Baselworld, la foire horlogère la plus importante jusqu’ici au niveau mondial. Confrontée à une érosion du nombre de ses exposants depuis un certain nombre d’années, la manifestation avait déjà été mise en situation très difficile avec le retrait du groupe Swatch en 2018.