Privés de RHT, des coiffeurs s’arrachent les cheveux

A partir du 2 février, certains salons genevois ne bénéficieront plus d’indemnités de réduction de l’horaire de travail (RHT). Et ce malgré une forte baisse d’activité. La colère gronde.

  • Gérant de salons, Raphaël Vinson a du mal à digérer le refus de prolongation des RHT. DR

    Gérant de salons, Raphaël Vinson a du mal à digérer le refus de prolongation des RHT. DR

Gérant de salons de coiffure, Raphaël Vinson se fait des cheveux blancs ces temps-ci. Vendredi 22 janvier, le patron de Hair & co, qui regroupe 13 salons genevois et vaudois a écrit au conseiller d’Etat chargé de l’Emploi, Mauro Poggia, et à la conseillère d’Etat chargée du Développement économique (DDE), Nathalie Fontanet. L’objet de son courrier: «Suppression du droit aux RHT [réduction de l’horaire de travail] pour les salons de coiffure à Genève.» Ce patron a effectué une demande de prolongation des RHT. Mais, celle-ci lui a été refusée. Il demande à l’Etat de revenir sur ce refus.

«Le droit aux RHT nous a été accordé le 2 novembre suite à la fermeture de nos salons par le Conseil d’Etat, détaille Raphaël Vinson. Il arrive à son terme le 2 février. Alors que dans le canton de Vaud, il va jusqu’au 28 février.» D’où sa demande de prolongation à Genève. «Mais, l’Office cantonal de l’emploi a refusé, sous prétexte que les salons ont le droit d’ouvrir.» Tel est en effet le cas… Sauf que: «Nos agendas sont vides. La fermeture des commerces ne vendant pas de biens de consommation courante ainsi que le télétravail ont entraîné une chute drastique de la fréquentation de nos salons. Les effets collatéraux de ces mesures ont été sous-évalués.»

«Il n’y a personne»

Une baisse de la clientèle que constate aussi Pascale Combettes, propriétaire des salons 19th Avenue. «Il n’y a personne! C’est la catastrophe», résume-t-elle. Son établissement situé dans l’enceinte de l’aéroport affiche une baisse de 60% de son chiffre d’affaires en janvier 2021 par rapport à janvier 2020. Celui des Eaux-Vives: moins 40%. Pour ce salon, ainsi que ceux de Carouge et Thônex, les RHT lui ont été refusées. «On va certainement nous dire: vous avez voulu rouvrir et maintenant, vous vous plaignez… On veut travailler et assurer ce service à nos clients. Mais, sans les RHT pour compenser la baisse d’activité, on va faire comment?» Cette patronne craint pour l’avenir de ses 25 employés.

Licenciements à craindre

Une angoisse que partage Raphaël Vinson. «On va d’abord épuiser les vacances de nos collaborateurs. Mais, une fois qu’on aura écoulé le solde des congés, on va devoir licencier», lâche-t-il, la mort dans l’âme. Pascale Combettes renchérit: «Si on licencie, les gens vont se retrouver au chômage et cela coûtera beaucoup plus cher à l’Etat que de nous aider maintenant.» Abondant dans son sens, Raphaël Vinson conclut: «C’est un mauvais calcul… financier et humain!»

«En règle générale, pas de perte de travail»

Concernant le refus des RHT (réduction de l’horaire de travail), le Département de la sécurité, de l’emploi et de la santé (DSES) indique: «S’agissant des salons de coiffure qui depuis le printemps n’ont dû fermer que quelques jours en novembre 2020, il est estimé qu’en règle générale il n’y a pas de perte de travail et donc pas de droit à des indemnités RHT. Il a en effet été constaté que lesdits salons sont tout autant fréquentés qu’avant la pandémie.»

Seules exceptions possibles: «Les salons dont la superficie ne permet pas de faire travailler en même temps plusieurs coiffeurs tout en respectant les règles sanitaires. D’autres exceptions peuvent être envisagées en fonction de la localisation des salons, par exemple ceux qui se trouveraient dans des centres commerciaux ayant dû entièrement fermer.» Quant aux cinq salons genevois de Raphaël Vinson, le DSES précise que les oppositions aux décisions de refus sont en cours d’instruction.

De son côté, le Département du développement économique rappelle que le Conseil d’Etat a adopté la semaine passée un projet de loi général visant à aider les entreprises touchées par les conséquences économiques de la crise. Ledit projet de loi fera l’objet d’un vote au Grand Conseil jeudi 28 ou vendredi 29 janvier. Il vise à compenser les pertes de chiffres d’affaires dès 25%. Et ce, avec effet rétroactif au 1er janvier 2021.