«Mes factures de chauffage écologique sont maintenant identiques à celles du mazout!»
Jean, résident de Lancy
Des milliers d’habitants de la Champagne, chauffés par l’incinération des déchets alimentaires de l’Usine des Cheneviers, sont outrés. En cause? L’augmentation progressive de leurs factures qui atteignent désormais le prix d’un chauffage à mazout. En trois ans, les tarifs de Cadiom, le réseau de chauffage à distance par incinération, vantés comme étant écologiques et économiques, ont subitement grimpé de 46%! Et ceci parce que l’Usine des Cheneviers, déficitaire, n’a plus assez d’ordures alimentaires à incinérer…
«Ce système de chauffage à distance devait être la révolution du siècle, s’étonne Jean, un Lancéen octogénaire. On se moque de nous, on nous a mis devant le fait accompli, nous avons été obligés de nous raccorder à ce réseau, il y a 10 ans, sous prétexte d’économies. Et aujourd’hui, on paie aussi cher qu’avant!» Tout comme les 25’000 autres résidents d’Onex, Lancy, Bernex, Confignon et Aire-la-Ville, Jean se sent trompé par la marchandise. «Va-t-on payer chaque année encore plus cher notre énergie écologique?»
A l’origine de ces augmentations de tarifs, le manque à incinérer de déchets ménagers aux Cheneviers et les prix genevois trop bas par rapport au niveau suisse. L’Usine n’étant plus rentable, le Conseil d’Etat et les Services industriels genevois (SIG), actionnaires majoritaires de Cadiom, ont ainsi dû, depuis trois ans, augmenter progressivement les tarifs. Ils sont ainsi passés de 7,1 à 10,4 centimes par kilowattheure.
De leurs côtés, les SIG détaillent les raisons de l’explosion des coûts ( (lire également ci-contre). «De 2002 à fin 2013, les clients du réseau Cadiom ont payé un prix très bas, largement inférieur à ceux du marché relève Elise Kerchenbaum, chargée de relations publiques aux Services industriels genevois (SIG), Or, il s’est avéré que ces tarifs ne permettaient de couvrir que partiellement les coûts de production de la chaleur.» Et de préciser: «Pendant ces années, les prix du mazout étaient, eux, très élevés. C’est à ce moment, en 2013, que le Conseil d’Etat a décidé de rééquilibrer les prix de la chaleur à distance.»
Cette hausse subite des factures de chauffage a fait l’objet d’une motion intitulée Je te chauffe et je te chaufferai toujours, déposée le 5 avril dernier au Grand Conseil. Le député vert Boris Calame demandait à l’Etat des explications. Dans sa réponse transmise avant les Fêtes pascales, le Conseil d’Etat explique que le changement est justifié par une adaptation des prix suisses. Il détaille aussi que les prix pratiqués jusqu’en 2013 ne pouvaient plus être maintenus alors que l’Usine d’incinération des ordures ménagères est en perte. Bonne nouvelle cependant pour les 25’000 Genevois concernés par ces hausses progressives: l’Etat annonce qu’il n’y aura plus d’augmentations avant 2019 et qu’elles seront désormais indexées selon l’inflation.