«Vénales les femmes? En tout cas, elles ne souhaitent pas d’un partenaire vivant à leur crochet»
Céline Witschard
En 2014, les célibataires en manque d’amour peuvent crier leur désespoir de trouver l’âme sœur sur AdopteUnMec, ou plus discrètement sur Meetic. Ils se mettent en scène au travers de clichés photoshopés (ou non), montrent leurs abdos ou leur décolleté dans des poses suggestives ou avantageuses. Mais comment faisaient-ils dans les années 70? A l’époque, pas d’internet, mais des annonces amitiés-rencontres où l’on faisait son marché comme aujourd’hui, sans photo, mais en prose. C’est ce que relève l’étude des petites annonces du GHI et leur évolution entre 1974 et 2004. Après avoir compulsé des centaines d’annonces (lire brève ci-contre) dans seize numéros du GHI, quatre par année étudiée (1974, 1984, 1994, 2004), le constat est sans appel: les clichés ont encore de beaux jours devant eux.
Jeunesse éternelle
Sans surprise, ce sont les 30-40 ans qui sont le plus représentés parmi les annonceurs. Viennent ensuite, les vingtenaires dont la proportion se réduit au fil des ans. Les vrais «jeunes» désertent les petites annonces, mais les annonceurs, hommes ou femmes, sont plus nombreux d’année en année à afficher leur «jeunesse» en se qualifiant de «jeune homme» ou «jeune femme», la gent féminine met particulièrement l’accent sur ce point. En 1974, aucun(e) quinquagénaire n’osait se qualifier de jeune (on préférait le terme «dame» ou «monsieur»), alors qu’en 2004, le jeunisme est à l’ordre du jour.
Les hommes se soucient moins de leur jeunesse… que de celle de leur partenaire! Plus ils prennent de l’âge, plus ils souhaitent trouver une compagne jeune. Nombreux sont les quinquagénaires à rêver d’une partenaire dans la quarantaine, voire dans la trentaine et même, en 2004, dans la vingtaine. Stéréotype ou non, il n’y a pas de fumée sans feu…
Emancipation féminine
Les femmes n’ont pourtant rien à envier aux hommes sur le plan des clichés. Elles recherchent en très grande majorité des hommes ayant un âge similaire au leur, oui. En revanche elles sont beaucoup moins ouvertes à la différence de statut social entre elle et leur partenaire. En 1974, on trouve déjà une femme n’affichant pas sa situation socio-professionnelle qui exige de son futur partenaire qu’il ait une «maison de campagne»! Cette tendance s’accentue au fil des ans. Vénales les femmes? En tout cas, si elles ont acquis l’indépendance financière, elles ne souhaitent pas d’un partenaire vivant à leurs crochets. De là à dire que les petites annonces sont le reflet de notre société…
L’étude complète est disponible en PDF sur http://ge.ghi.ch/hi.