Le retour des bottelones

- Les mineurs sont exlus des nuits genevoises. Sans alternative, ils font la fête dans les lieux publics.

- Les riverains sont excédés par les beuveries des fêtards.

- Ils lancent des pétitions et obtiennent la fermeture d’espaces publics.

  • Sans autre possibilité, les jeunes se retrouvent dans les parcs pour boire jusqu’à tard dans la nuit. PASCAL BITZ

    Sans autre possibilité, les jeunes se retrouvent dans les parcs pour boire jusqu’à tard dans la nuit. PASCAL BITZ

«L’alcool coule à flots et la musique est diffusée à tue-tête»

Stéphane Monbaron, habitant des Evaux

Disparition des squats, interdiction d’entrée dans les bars, augmentation des prix. Les jeunes de moins de 18 ans sont mis en marge des nuits genevoises. Résultat: ils se réunissent dans des espaces publics où ils boivent, fument et écoutent de la musique jusqu’à tard dans la nuit. C’est ce qu’on appelle, les bottelones. Pour les riverains, ces fêtes à ciel ouvert, sont devenues infernales. Tapage nocturne, parcs et espaces publics aux allures de porcherie sont fréquents. Les habitants passent à l’action et demandent aux autorités de prendre des mesures radicales. Pétitions et fermeture d’espaces auparavant ouverts au public sont désormais à l’ordre du jour.

Carouge et sa nuit

«A cause de ces nuisances, la cour intérieure du triangle de Carouge sera prochainement fermée par les propriétaires, reconnaît Stéphanie Lammar, maire de Carouge. Pour répondre au problème, la mairie a pris, elle aussi, des mesures. «Nous avons élargi les horaires des patrouilles de la police municipale la nuit et les week-ends, détaille la magistrate. Pour sensibiliser la population, nous avons aussi affiché des panneaux à la place du Marché montrant dans quel état déplorable nous retrouvons les lieux».

Ras-le-bol des habitants

Constat similaire du côté du parc des Evaux à Onex. «Sur toute la piste d’athlétisme, c’est parfois un vrai bordel, se désole Etienne Gomez, président de la Fondation des Evaux. L’autre problème, c’est bien sûr le bruit. Les riverains deviennent fous». Une pétition, pour que les autorités s’intéressent enfin à ces nuisances, a été déposée au Grand Conseil, en février dernier (GHI 19.03.15). «En soirée, le week-end et durant les vacances, les fêtards se réunissent dans le parc, explique Stéphane Monbaron, habitant des Evaux. L’alcool y coule à flots, la musique est diffusée à tue-tête et les gens crient sans aucun respect.» Et d’autres parcs sont touchés par le phénomène.

Ville de Genève et voirie

«A la Perle du Lac, ces rassemblements génèrent énormément de déchets, avec des dégâts aux massifs fleuris et aux végétaux», explique Cédric Waelti, chargé de la communication au Département de l’environnement urbain de la Ville. Et c’est à la voirie de ramasser les pots cassés. «Nous sommes contraints de nous adapter à ces comportements navrants mais bien connus. Ces bottelones sont saisonniers. Au printemps et en été, le nettoyage des parcs et des quais est renforcé», poursuit Cédric Waelti. Mais il n’y a pas que la voirie qui doit mettre le paquet, les services de polices sont eux aussi sollicités.

Solution et prévention

«Dans la mesure du possible, les polices municipale et cantonale intensifient leurs patrouilles dans les lieux où de tels rassemblements sont signalés, explique le service de presse de la police. Mais le problème se déplace ailleurs. En tout, la police est intervenue 5188 fois en 2014 pour cause de bruit.» Du côté du service de la jeunesse de la Ville de Genève, les solutions restent limitées. «On ne veut pas créer de ghettos à jeunes en ouvrant des bars exclusivement pour eux, explique, Claudio Deuel, chef de service de la jeunesse. Notre but est plutôt d’accompagner et de faciliter l’organisation d’événements.» Les nuits blanches des uns ne semblent donc pas prêtes d’apaiser celles des autres.

Pétition: redynamiser les nuits genevoises

NB • Le nouveau collectif «pour une vie nocturne riche, vivante et diversifiée» a lancé, mi-mars, une pétition réclamant la fin de l’interdiction d’entrée dans les bars pour les moins de 18 ans. En tout, 1260 signatures ont été récoltées pour ce texte adressé aux autorités cantonales et communales. En quatre points, il réclame notamment de supprimer l’interdiction d’entrée dans les bars aux moins de 18 ans, d’autoriser tous les établissements à ouvrir leurs portes jusqu’à 2h du matin sans demande préalable au Service du commerce, mais aussi d’encourager la mise à disposition de locaux cantonaux ou communaux à prix réduits.