«Le temps de l’angélisme sécuritaire est révolu»

Guillaume Barazzone, maire de la Ville de Genève, se prête avec joie à l’exercice de l’interview des 100 jours. L’occasion pour lui de défendre la fonction et balayer les reproches. Notamment sur le cumul des mandats. Le maire fait aussi le point sur ses projets ambitieux pour une ville plus dynamique, humaniste et sûre.

  • Le maire, en charge du Département de l’environnement urbain et de la sécurité, inaugure  le Poste de police municipale de Champel. DR PATRICK GILLIERON LOPRENO/VILLE DE GENÈVE

    Le maire, en charge du Département de l’environnement urbain et de la sécurité, inaugure le Poste de police municipale de Champel. DR PATRICK GILLIERON LOPRENO/VILLE DE GENÈVE

  • Le maire, en charge du Département de l’environnement urbain et de la sécurité, inaugure  le Poste de police municipale de Champel. DR PATRICK GILLIERON LOPRENO/VILLE DE GENÈVE

    Le maire, en charge du Département de l’environnement urbain et de la sécurité, inaugure le Poste de police municipale de Champel. DR PATRICK GILLIERON LOPRENO/VILLE DE GENÈVE

GHI: – Trois mois après votre prise de fonction, comment vous sentez-vous dans le costume médiatiquement exposé de maire de la 2e ville du pays?

Guillaume Barazzone: – Bien. Je suis très fier d’être le maire de la Ville de Genève. Je prends aussi beaucoup de plaisir à la représenter et à défendre mes convictions en faveur d’une ville libérale, dynamique, humaniste et sûre.

– On vous reproche déjà de mettre à profit la mairie pour soigner votre image de gendre idéal en apparaissant notamment dans les médias en tenue de joggeur, «paddleur» ou en maillot de bain?

– Lorsque je suis invité à traverser le lac en paddle pour sensibiliser au tri des déchets, je le fais volontiers mais il m’est difficile de le faire en complet-cravate. Participer à ces événements ludiques et populaires fait partie de la fonction de maire. On peut être sérieux sans se prendre au sérieux.

– Même lorsque vous êtes le seul élu à dîner avec le chef de la diplomatie américaine John Kerry?

– Il s’agissait d’un dîner privé. Ces liens personnels sont très importants. Lors du repas auquel John Kerry m’a invité, j’ai ainsi pu lui dire à quel point il est essentiel que des négociations internationales puissent se tenir à Genève. Au-delà du protocole, il est utile de développer un réseau local, régional, national mais aussi international.

– Un rayon d’action à 360 degrés que beaucoup d’adversaires vous reprochent. Pour eux, il vous est impossible de concilier efficacement les mandats de maire, conseiller administratif et national…

– Les nombreux projets que j’ai pu réaliser montrent le contraire. Tout est une question d’organisation et de motivation. L’important est de savoir déléguer, faire confiance à ses collaborateurs. Et puis cette question du double mandat a été tranchée par le peuple. Les électeurs m’ont élu à Berne et en Ville de Genève en connaissance de cause. J’ajoute qu’être membre d’un Exécutif d’une grande ville et parlementaire à Berne est un atout.

– C’est-à-dire?

– L’avenir des villes se décide aussi sous la Coupole fédérale. C’est en effet à Berne que sont débattus des dossiers sensibles comme l’immigration de masse, la Genève internationale, la sureté de l’Etat, la lutte contre les déchets sauvages et les nuisances sonores. Il vaut donc mieux y être présent.

– A ce propos, certains de vos collègues regrettent que vous soyez plus intéressé par les dossiers nationaux ou internationaux que par les dossiers locaux…

– Cette distinction appartient au passé. Prenez la sécurité, c’est une politique publique qui nécessite des mesures locales mais aussi nationales et internationales si l’on veut obtenir des résultats.

– Concrètement?

– En Ville, sous mon impulsion, nous avons fortement augmenté le nombre de policiers municipaux (APM). Les effectifs sont passés de 130 à près de 200 agents. Un 8e poste de police municipale vient d’ouvrir à Champel. Côté sapeurs-pompiers, une vingtaine de postes ont été créés. Onze de plus sont inscrits au prochain budget. A terme, l’objectif est d’améliorer le secours en ayant trois casernes ouvertes 24 heures sur 24. A Berne, agir pour la sécurité, c’est défendre la nouvelle loi sur le renseignement. Cette mesure a un impact direct sur la vie des citoyens genevois.

– Fini donc le temps de l’angélisme sécuritaire?

– Oui. La sécurité est une garantie de notre prospérité. La qualité de vie et notre réputation de ville sûre en dépendent.

– Côté bilan, qu’en est-il du volet environnemental de votre département?

– A la voirie, nous avons modernisé l’administration. La réforme des horaires permet aujourd’hui aux équipes de travailler le samedi et le dimanche et, par conséquent, de garder la ville plus propre. Nous avons aussi lancé un nouveau site pour le débarras des encombrants. Côté environnement, nous avons végétalisé davantage en plantant 150 arbres en deux ans. Nous allons continuer à le faire. Ainsi, 300 pieds d’arbres seront rénovés et fleuris d’ici 2019 et près de 3500 mètres carrés de surfaces bétonnées seront transformés en espaces verts d’ici 2020. Les espaces verts sont une manière concrète d’améliorer le bien-être des habitants tout en rendant Genève plus attractive.

– En parlant d’attractivité, qu’en est-il de l’organisation des Fêtes de Genève dont la nouvelle formule a déchaîné pas mal de critiques?

– Ces fêtes sont importantes pour Genève. La nouvelle mouture a permis de libérer le Jardin anglais et la qualité des stands a été améliorée. Mais tout n’a pas été parfait. Il y a eu notamment des espaces publics privatisés alors que cela était interdit. La Ville a rappelé à Genève Tourisme que cela ne pourra plus se reproduire à l’avenir. Les organisateurs peuvent encore faire mieux. Il faut leur laisser du temps.

– Dans ce dossier délicat et plus généralement dans votre rôle de maire, vous aurez besoin du soutien politique du collège. Seul élu à droite face à 4 magistrats rose-Verts, n’avez-vous pas peur d’aller au casse-pipe dans ce domaine?

– Non, lorsque je préside les séances, on a certes des débats animés. Mais à l’arrivée, on trouve toujours des majorités pour faire avancer les dossiers et régler les problèmes dans l’intérêt des Genevois.

– Que comptez vous faire pour les rassembler et leur redonner confiance dans les instances politiques?

– Je veux agir pour améliorer concrètement la vie des gens. Au fond, c’est cela qui m’intéresse. Je souhaite agir pour que la ville garde tout son pouvoir de séduction, tant pour ses habitants que pour les entreprises et institutions qui pourraient s’y installer.

Bio express

Guillaume Barazzone est né à Genève, le 13 janvier 1982. Avocat de profession, il est élu à l’âge de 20 ans au Conseil municipal de la Ville de Genève. En 2012, il en devient Conseiller administratif en charge du Département de l’environnement urbain et de la sécurité (DEUS). Parallèlement, il est élu en décembre 2013 au Conseil national (Parlement suisse) sur la liste du parti démocrate-chrétien (PDC). Guillaume Barazzone a également exercé la fonction de député au Grand Conseil durant 7 ans de 2005 à 2013. Depuis juin 2016, il occupe pour an la fonction de maire de la Ville de Genève.