«Mon gamin a disparu, j’ai imaginé le pire...»

Comme Cédric, 13 ans, près de 800 mineurs ont disparu en 2014 à Genève. En grande majorité, il s’agissait de fugues. Tous ont été retrouvés sains et saufs. Il faut dire que la police peut employer les grands moyens pour les retrouver.

  • A Genève, chaque jour, deux mineurs sont portés disparus. THINKSTOCK

    A Genève, chaque jour, deux mineurs sont portés disparus. THINKSTOCK

  • A Genève, chaque jour, deux mineurs sont portés disparus. THINKSTOCK

    A Genève, chaque jour, deux mineurs sont portés disparus. THINKSTOCK

«En 2014, 100% des cas ont été résolus sans conséquences graves»

Jean-Philippe Brandt, porte-parole de la police genevoise

«La disparition de Cédric* a bousillé toute la famille. Son grand-père est resté près de la fenêtre à guetter son retour toute la nuit. Pour la première fois, j’ai l’ai vu pleurer devant la chambre vide de son petit-fils», ressasse Pascal*. Ce papa de 45 ans est encore au bord des larmes à l’évocation de cette nuit de cauchemar où son fils de 13 ans n’est pas rentré à la maison. Début mai, l’écolier décide de passer la nuit chez un ami de classe. Avec un brin d’inconscience et de malice, il n’avertit pas ses parents. De leur côté, les hôtes de Cédric, qui sont persuadés que tout a été arrangé avec l’accord des parents, reçoivent le petit à bras ouverts. Résultat des courses, Cédric, bien au chaud chez des amis, reste introuvable pour son père et sa mère.

On imagine le pire

«Nous avons quadrillé tout le quartier. Remué ciel et terre. Appelé amis et connaissances. Rien à faire. Personne n’avait vu Cédric. En totale panique, et comme chaque minute compte, nous nous sommes adressés à la police. Elle a émis un avis de recherche», témoigne le papa qui n’en revient pas du travail gigantesque qu’une telle procédure engendre. «Interrogatoire, dizaines de téléphones. Avec les heures et la nuit, l’angoisse est montée d’un cran. A ce moment-là, on imagine le pire. C’est simple, dix jours après les faits, nous sommes encore exténués. Heureusement, tout s’est finalement bien terminé. Cédric a regagné le domicile familial. Le soulagement a été immense. Je dois tirer un énorme coup de chapeau à la police et aux agents de la Brigade des mineurs. Leur accueil et encadrement ont été exceptionnels. Ils nous ont orientés, rassurés. Ils ont fait un boulot incroyable. Le plus fou dans cette histoire, c’est que tout cela aurait pu être évité par un simple coup de fil.»

Froid dans le dos

Comme Cédric, des centaines d’enfants sont portés disparus chaque année dans le canton. «Cela représente près de 800 mineurs en 2014», chiffre Jean-Philippe Brandt, porte-parole de la police genevoise. Autrement dit, plus de deux cas par jour. Des chiffres qui donnent froid dans le dos. «En 2014, 100% des cas ont été résolus sans conséquences graves. Généralement, on retrouve les gamins égarés ou en fugue sans trop de peine», rassure-t-il. Avant de poursuivre: «Bien entendu nous ne traitons pas de la même manière la disparition d’un enfant en situation de rapt parental que celle d’un ado habitué aux fugues. Reste que les statistiques sont plutôt stables ces dernières années. Ce qui les affole, c’est avant tout le grand nombre de fugueurs multirécidivistes», précise encore Jean-Philippe Brandt.

Relais précieux

Phénomène récent, la disparition provisoire de Cédric a également affolé… les réseaux sociaux. «En quelques heures, l’avis de recherche a été partagé des milliers de fois sur Facebook. La mobilisation des internautes a été incroyable», reconnaît Pascal. «Quand les gens réalisent qu’ils peuvent aider une famille en détresse, ils n’hésitent pas à apporter leur aide. Aujourd’hui encore, je reçois beaucoup de témoignages et de messages de solidarité. Et même si Facebook garde quasiment tout en mémoire, cela nous aide aussi à ne surtout pas oublier ce qui s’est passé et à tout mettre en œuvre pour que cela ne se reproduise plus jamais.»

* noms connus de la rédaction

Employer les grands moyens

GiM • La police genevoise dispose de moyens très importants pour retrouver les mineurs disparus. Une fois l’avis de recherche enregistré, tout peut aller très vite. En fonction de la gravité de la situation, les forces de l’ordre peuvent engager très rapidement un hélicoptère, des plongeurs, alerter les agents de police municipaux, les gardes-frontière et concentrer des patrouilles dans un périmètre précis. Elles peuvent aussi déclencher l’alerte transfrontalière, l’alerte enlèvement et organiser des battues avec des chiens. Dans cette course contre la montre, ou chaque minute compte, aucune piste n’est négligée. Ainsi, même les Transports publics genevois (TPG) deviennent des partenaires stratégiques. Ils peuvent, par exemple, diffuser le signalement de l’enfant disparu sur l’ensemble de leur réseau et toucher ainsi un grand nombre de témoins potentiels. Une collaboration similaire peut être demandée aux chauffeurs de taxi. En dernier recours, les médias sont également priés d’intervenir. Autre relai incontournable lorsqu’il s’agit de diffuser une information le plus largement possible, les réseaux sociaux. Les internautes sont extraordinaires lorsqu’il s’agit de partager une information à forte valeur émotionnelle.