«Rodolphe Töpffer est un peu notre papa à tous»
Zep, dessinateur
Ils en sont convaincus, le futur musée de la bande dessinée va cartonner! Il faut dire que depuis sa création en 2019, l’Association pour un musée de la bande dessinée (AMBDI) épaulée par le Canton, soit le Département de la cohésion sociale (DCS), n’a pas bullé. «On entre dans le concret, se réjouit son président, le dessinateur Zep. On a enfin trouvé le lieu.» Ce sera la Villa Sarasin, à proximité de Palexpo.
Après avoir cherché un bâtiment en Ville de Genève, l’AMBDI a finalement trouvé chaussure à son pied au Grand-Saconnex dans cette ancienne maison de maître bâtie en 1833 qui s’étend sur quatre niveaux et comprend une cuisine, une véranda et une terrasse. Le tout sur 300 m2.
«C’est un véritable havre de paix avec une forte connexion à Palexpo et plusieurs possibilités d’accès en transports en communs que ce soit en bus ou en train», explique Karine Tissot, conseillère culturelle dans le domaine du livre au DCS. De quoi ravir Michel Pomatto, maire du Grand-Saconnex: «C’est un bon choix! Cela peut permettre de créer dans cette partie du canton un pôle culturel qui aura un rayonnement régional voire international.»
Qu’abritera la villa? «Il s’agit de créer un musée de la bande dessinée au sens large. Il regroupera la BD, l’illustration, la caricature, le dessin de presse et même le dessin animé», détaille Karine Tissot.
Berceau de la BD
Un musée qui manquait cruellement à Genève. «C’est tout de même ici que la bande dessinée est née au XIXe siècle, rappelle le célèbre dessinateur genevois Zep. On a une carte à jouer. Notre objectif est de créer un lieu très ouvert sur la création contemporaine en s’appuyant sur cet ancrage patrimonial car Rodolphe Töpffer, l’inventeur de la bande dessinée, est un peu notre papa à tous!»
Nul doute que le Fonds Töpffer, actuellement géré par la Bibliothèque de Genève, qui comprend ses carnets et ses originaux, sera l’une des pièces maîtresses de la future institution culturelle.
Ouverture fin 2025
«Ce patrimoine est la pierre angulaire du projet mais, pour autant, ce n’est pas un musée Töpffer», tient à préciser Karine Tissot. Un avis que partage Zep. «Le fonds Töpffer est un élément fort pour nous mais on souhaite montrer que la BD est un art vivant. Notre chance, c’est que les artistes sont là pour en parler.» Et ils sont nombreux à Genève: d’Albertine à Tom Tirabosco en passant par Peggy Adam, Nadia Raviscioni, Fabian Menor (dessin de Une)… Autrement dit, même si le musée démarre sans collection, il y a fort à parier qu’il fourmillera d’œuvres contemporaines de qualité. «Des échanges sont possibles avec le centre BD de Lausanne, le musée de Bâle et celui d’Angoulême», poursuit Karine Tissot. Si les détails du projet restent encore à définir, il sera d’ores et déjà esquissé devant un parterre de connaisseurs le 2 décembre. Pour une ouverture fin 2025.
«Avec ce musée, l’Ecole supérieure de bande dessinée et d’illustration (ESBDI) née il y a quatre ans et les prix Töpffer (lire encadré), Genève va devenir une des capitales de la BD aux côtés de Bruxelles et d’Angoulême», se réjouit Tom Tirabosco, l’un des fondateurs de l’AMBDI.