Les expatriés seraient-ils en train de fuir Genève? «Certaines multinationales ont perdu jusqu'à 10% d'emplois», relève Pierre-François Unger, conseiller d'Etat en charge du Département de l'économie et de la santé (DES). Une érosion qui a un fort impact sur la poignée d'entreprises spécialisées dans les services à cette clientèle haut de gamme: «Depuis 2011, nous avons perdu entre 25 et 30% de notre chiffre d'affaires», assure Pierre Jeronimo, président de la Swiss Association of Relocation Agents (SARA) et directeur de Geneva Relocation, entreprise spécialisée dans l'assistance à l'intégration des expatriés à Genève.
Baisse de revenus
«Les multinationales ont quasiment toutes des programmes de réduction des coûts, poursuit Pierre Jeronimo. Cela entraîne des reductions d'effectifs puisqu'un expatrié coûte cher. Les entreprises essaient de limiter leur nombre et reduisent les avantages qui leur sont accordés.»Directrice de l'entreprise Barzilay Services et membre de la SARA, Monica Barzilay n'a pas, pour sa part, perdu de clients. En revanche, ces derniers ont vu leurs moyens financiers sensiblement diminuer: «Le montant que les expatriés peuvent allouer à leur logement a fortement baissé, ce qui a pour conséquence de faire baisser notre revenu également, confie-t-elle. Par exemple, une famille de cinq personnes venant de Singapour pour un poste à l'ONU disposera d'un budget de 5000 francs. Il y a quelques années, ce budget aurait été supérieur d'environ 20%.»
Multinationales gênées
Contactées, la plupart des directions des entreprises multinationales n'ont pas souhaité aborder la question de l'exode des expatriés. A l'exception de Novartis, qui avait d'ailleurs tenté de délocaliser ses locaux nyonnais fin 2011, avant de renoncer: «Pour des raisons de confidentialité, nous ne révélons pas des informations relatives à nos impôts ou à nos associés, s'excuse Marcus Hett, porte-parole d'Alcon, une division du géant pharmaceutique. Cela dit, pour fonctionner comme une organisation globale, il est essentiel que notre personnel reflète la richesse culturelle et ethnique de nos marchés.»Pour mémoire, rappelons que le marché des multinationales représente 43% du PIB genevois.