Profession? Père Noël en CDD!

TRADITION • Avec leurs rennes, leur barbe blanche et leur costume rouge, ils sont partout à l’approche des fêtes. Nous vous révélons tout sur ces Pères Noël professionnels et leur drôle de métier.

  • Quand Lorenzo Marra revêt le déguisement de Père Noël aux côtés de sa femme et de sa fille, 
il change complètement de l’homme qu’il est le reste de l’année

C’est un drôle de métier. Il ne se pratique qu’en CDD, en uniforme, avec un minimum de conviction et uniquement de fin novembre jusqu’au 25 décembre au plus tard. Il s’agit du petit job de Père Noël. Petit? Hum! Il ne l’est pas tant que ça. Tout au moins à écouter Lorenzo Marra. «Ceux qui endossent ce rôle en redemandent. On donne de la joie aux gamins et eux savent parfois nous toucher le cœur», explique ce passionné qui est à la tête d’une équipe de 26 Pères Noël. Ils se produisent chaque année dans une vingtaine de grands magasins et entreprises genevois et vaudois .  Et ce depuis 20 ans.
Cette activité représente jusqu’à 30% du chiffre d’affaires annuel de Backstage concept sàrl, l’entreprise de celui que l’on surnomme «le roi de Noël». Ce chef d’entreprise rémunère ses Pères Noël dès 50 fr. de l’heure et leur fournit deux costumes coûtant 1500 fr chacun. Il les aime «avec une barbe et un embonpoint naturel» même si ce n’est pas éliminatoire. «De nos jours, presque tous ces Pères Noël sont recrutés par des agences comme la nôtre, explique-t-il. Pour Genève, ils doivent être au moins bilingues car pour un enfant sur cinq, ici, le Père Noël s’appelle Santa Claus…» Dans notre canton, la concurrence des Français est importante car ils facturent 100 à 150 fr de moins que les habituels 400 à 900 fr. la journée pratiqués par les Suisses.
Un personnage vendeur…
Les Pères Noël ont un rôle important. Ils attisent l’esprit de Noël mais attirent aussi évidemment les jeunes clients, détendent l’atmosphère et favorisent donc par leur présence la dépense. «L’idée est de cultiver une ambiance festive et magique tout en contribuant à stimuler la fréquentation du centre commercial», confesse Laura Dunand, cheffe de projets Marketing & Event chez Coop. Dans 22 des 24 centres commerciaux Coop de Suisse romande, le mythique personnage à la barbe blanche est présent.
Le plus connu du pays est peut-être celui des Rochers-de-Naye, près de Montreux (VD). Le comédien professionnel, qui est embauché là-haut depuis 18 ans par le marché de Noël local, rencontre jusqu’à 500 enfants par jour! «Nous l’avons sélectionné via une audition. Il a un bon salaire de comédien mais est tenu de connaître son rôle parfaitement. Il doit avoir de l’empathie, de l’écoute, des réponses à tout et la maîtrise d’un maximum de langues!», liste Yves Cornaro.
Le big boss de Montreux Noël s’est lui-même glissé dans le rôle une journée et en est ressorti aussi joyeux qu’épuisé… Sa manifestation propose aussi trois fois par jour une animation au cours de laquelle un Santa Claus, funambule de formation, passe avec son traîneau sur un câble tendu au-dessus des chalets. Don d’ubiquité oblige, il s’agirait du même…
Des questions difficiles
«Cela me repose des cauchemars des adultes et de la vie d’en bas... Pendant un mois, on donne du bonheur de 8h à 22h! C’est plus qu’un job, c’est un sacerdoce!», confirme le Père Noël des Rochers-de-Naye qui affirme être le seul vrai avec une conviction contagieuse. Selon lui, c’est un rôle qui se travaille! «Il faut tout savoir de ses origines européennes liées au solstice, à l’artiste Norman Rockwell qui le premier l’a affublé de son costume rouge, en passant par Coca-Cola qui s’en est saisi comme d’une icône commerciale jusqu’à imposer sa popularité en Europe au sortir de la Seconde Guerre mondiale…»
Du haut de son trône, à Genève comme ailleurs, Lorenzo Marra ou ses collègues occupent aussi une sorte de poste d’observation sociologique. Cette année, les difficultés économiques se ressentent dans les attentes plus modestes des enfants. «Certains me demandent de ramener à la vie un parent décédé… Il faut être prêt à ça et ne pas se laisser envahir par l’émotion… Je briefe mes équipes sur 
ces thèmes pour trouver une réponse adéquate. D’autres s’inquiètent de savoir qui m’offre des cadeaux à moi ou me laissent leur lolette… Pour nous, rentrer dans nos costumes est magique, et en 2020, quand le Covid nous a empêchés de le faire, eh bien on en a pleuré!»

 

Des origines métissées

Le Père Noël, pilier des fêtes, trouve ses origines dans la légende de Saint Nicolas, l’évêque généreux du IVe siècle, et les influences de la mythologie nordique avec Odin. Transportées en Amérique du Nord par 
les colons européens, ces traditions ont fusionné pour donner naissance à 
la version moderne du Père Noël. L’icône en rouge et blanc que nous connaissons aujourd’hui a été popularisée par une campagne publicitaire de Coca-Cola dans les années 1930, consolidant son image universelle. Ainsi, le Père Noël incarne aujourd’hui la générosité de Saint Nicolas, teintée de la magie nordique, et demeure un symbole festif incontournable.