Quel avenir pour la rade?

Depuis que les quais de la rive gauche ont été libérés des bateaux stationnés et des anciennes cabanes de pêcheurs, l’endroit est vide. De quoi susciter des envies pour ce lieu central et emblématique. Et poser la question du futur visage de la rade.

  • Le quai Gustave-Ador est laissé libre d’aménagement. STéPHANE CHOLLET

    Le quai Gustave-Ador est laissé libre d’aménagement. STÉPHANE CHOLLET

Nous sommes devant le ponton qui mène au Jet d’eau, sur le quai Gustave-Ador. Ce grand espace, autrefois encombré par des bateaux et qui accueillait d’anciennes cabanes de pêcheurs, est aujourd’hui complètement dégagé. Entre les touristes et les Genevois qui déambulent, les seules intruses encore visibles sont des voitures, souvent garées là illégalement. «Les autorités ont tout nettoyé, et maintenant l’endroit devient un parking sauvage. C’est lamentable», commente Sébastien, qui travaille à deux pas. Comme lui, de nombreux passants s’interrogent sur l’avenir du lieu. Selon nos informations, il est notamment convoité par la police pour y créer un centre de sécurité (lire ci-contre). «Pourquoi ne pas construire des aménagements, par exemple pour pouvoir se baigner ou des jeux pour les enfants?» propose plutôt un quidam.

La réponse est donnée par la Municipalité. «Aucun projet d’aménagement des quais Rive gauche n’est prévu pour l’instant», détaille Anaïs Balabazan, déléguée à la communication au Département de l’aménagement, des constructions et de la mobilité (DACM). Elle ajoute: «La Ville partage les principes issus de l’image directrice, qui a donné lieu à la suppression des cabanes de pêcheurs, après le transfert des bateaux dans le nouveau port associé à la plage des Eaux-Vives.»

Accès pour les baigneurs

Un aménagement pour les baigneurs serait-il par exemple envisageable? «L’accès à l’eau est prévu en rive droite au niveau du Quai Wilson. Il fera l’objet d’un concours d’aménagement qui devrait être lancé à la fin de cette année», explique-t-elle.

Pour l’heure, la Ville affirme vouloir privilégier des animations saisonnières. Comme l’été passé, le Département de la sécurité et des sports prévoit sur le quai Gustave-Ador un lieu de détente, la Canopée, qui abritera une buvette et un vaste espace pour la pratique sportive avec plusieurs cours gratuits proposés au public. «C’est une animation estivale qui a vocation à revenir chaque année», détaille la conseillère administrative, Marie Barbey-Chappuis. Une autre animation estivale avec un espace de petite restauration est également prévue à l’endroit des anciennes cabanes de pêcheurs.

Enfin, son département a lancé un appel à projet pour le pont de la machine. L’endroit sera destiné à accueillir un espace pour la promotion des viticulteurs locaux, et devrait lui être aussi être pérennisé. «Tout comme le Geneva lux en janvier et l’exposition des Chats de Geluck qui a débuté en février, l’idée est d’essayer de faire en sorte que la rade ne soit pas seulement animée en été mais aussi le reste de l’année», explique la magistrate.

Atouts touristiques

Un avis partagé par Thomas Putallaz, co-président de l’association «A l’eau Wilson», qui promeut l’accès à l’eau et à la baignade dans le périmètre du quai Wilson et de la Perle du Lac. «Les quais doivent être vivants et animés», insiste ce dernier. Pour ce faire, les quais de part et d’autre de la rade devraient être équipés de davantage de points d’eau et surtout d’électricité. «Cela permettrait d’accueillir des animations tout au long de l’année sans avoir recours à des génératrices, tournant au diesel, qu’on voyait encore l’année dernière.» Pour Thomas Putallaz, un point de baignade en aval du Jet d’eau ainsi que des nouvelles places bateau pour les visiteurs dans l’hypercentre seraient autant d’atouts touristiques.

Attirer les touristes, c’est aussi le vœu de Gilles Urben, loueur de bateaux connu dans le quartier. Ce dernier craint que des projets de grande ampleur ne voient le jour dans ce lieu. Il préférerait un aménagement minimal afin d’accueillir des événements ponctuels, comme c’est le cas sur la plaine de Plainpalais. «Dans le monde, les endroits qui attirent le plus de touristes sont ceux qu’on laisse libres, comme le Champ de Mars à Paris ou la place Tiananmen à Pékin. Espérons que ce sera le cas ici», conclut Gilles Urben.

Un centre de sécurité pour la police?

Parmi ceux qui se montrent intéressés par le lieu, la police cantonale, qui possède déjà un poste près du Jet d’eau pour ses interventions dans le lac et sur les cours d’eau. Contactée, elle confirme qu’elle est à l’origine d’un projet de centre de sécurité pour le lac, à l’endroit de l’ancien bâtiment, reconnaissable à son imposant treuil. «Ce poste date de 1959 et mérite d’être rénové et agrandi», plaide le major René Jensik, chef de police-secours, service auquel est rattachée la brigade de la navigation. Et de préciser: «C’est d’ici que nous opérons tous les jours. Nous avons un réel besoin en la matière.» Mais quel aspect pourrait avoir ce centre de sécurité? «Le projet n’en est qu’au stade de la discussion, pour l’heure, rien n’est arrêté», répond le major.

Informée du projet, la Ville dit suivre le développement des études réalisées. «Notre souhait est que ce bâtiment garde des proportions et une insertion optimisée», détaille Anaïs Balabazan, déléguée à la communication de la direction du Département de l’aménagement, des constructions et de la mobilité (DACM).