Le taux de locaux vacants dans le secteur de l’hôtellerie-restauration, c’est-à-dire disponibles à la location ou à la vente, atteint des records à Genève. Rien qu’au mois d’avril, près de 220 annonces de remise de bail étaient proposées sur le portail de référence ImmoScout 24. «Ce nombre d’annonces a fait un bond en novembre 2020 passant de moins d’une dizaine a constamment plus de 220, pointe notamment Martin Waeber, directeur général de la plateforme. Si la tendance perdure, cela se traduira par des baisses de loyers et de prix d’achat.» Et cela même si le Conseil fédéral autorise la réouverture des espaces intérieurs des cafés et restaurants, prévue en principe pour le lundi 31 mai.
De bonnes affaires pour des acheteurs potentiels sont donc en vue, mais cet insolite record d’annonces préfigure-t-il également une forte hausse des faillites et des licenciements ces prochains mois? Pour Laurent Terlinchamp, président de la Société des cafetiers, restaurateurs et hôteliers de Genève (SCRHG), qui regroupe près de 1500 professionnels, la réponse ne fait aucun doute: «Oui. Pour nos membres, être contraint de remettre son bail signifie tout perdre», assène-t-il. Avant de préciser: «Avec huit mois de fermeture et six mois d’activité au ralenti, il y aura beaucoup de faillites. Près de 30% des cafetiers restaurateurs du canton sont déjà en cessation d’activité. Les autres se serrent la ceinture et en ont gros sur la patate.»
Effort demandé aux bailleurs
Rappelons que pour réduire les frais fixes et éviter des faillites, les bailleurs ont été invités par l’Etat à signer un accord tripartite avec les locataires et les autorités afin de notamment se partager, à parts égales et en fonction d’une grille préétablie, le montant du loyer pour les enseignes contraintes de fermer. «A Genève, moins d’un tiers des bailleurs a concédé une réduction de loyer aux nombreux cafetiers restaurateurs qui en ont fait la demande», déplore Laurent Terlinchamp.
Aides tardives
Même constat amer du côté des aides d’urgence. «Il est dommage qu’on ait dû attendre plus d’une année pour obtenir des aides à la hauteur des préjudices économiques et humains subis, regrette-t-il. Avant cette issue positive, nous avons été réduits à mendier et dire merci pour des dédommagements dérisoires. C’était la quatrième dimension. La confiance en nos autorités est très entamée, d’autant qu’aucune étude sérieuse n’a jamais attesté que nos établissements étaient source de clusters», conclut le responsable de la SCRHG.