EXPOSITION • La 5e édition de la triennale 50JPG, soit 50 Jours pour la photographie à Genève, sied à l’air du temps. Son intitulé en est une parfaite illustration, presque un (anti-)manifeste dénonçant les dérives de la vidéosurveillance et autres nouvelles formes de technologies intrusives (drone, fichage…). C’est que caméra(auto)contrôle joue avec le visiteur tout autant qu’il se joue de lui: une expo en mode selfie donc où les appareils photos et autres caméras remplacent les visages sur les photos; où l’œil vidéo inquisiteur de Rafael Lozano-Hemmer (autocontrol is watching you) nous suit obstinément; et où Google fait l’objet d’un avis de recherche*.
Par moment, l’ensemble tient du procédé (le casque pour écouter une vidéo de caméra cachée qui ne filme… rien), vire parfois au trash (la chambre noire clairement porno). Mais là n’est pas l’essentiel. L’essentiel, c’est le miroir que l’exposition nous tend, et qui via le voyeurisme, la propriété privée et celle des données personnelles, renseigne sur l’état de la société telle qu’on la vit. Ou la subit. BD
* Manuel Schmalstieg recherche celles et ceux qui apparaissent sur les photos de Google Street View à Genève. GVAeye@GMAIL.COM
50JPG, au Commun du Bâtiment d’art contemporain, 28 rue des Bains, jusqu’au 31 juillet.
www.50jpg.ch