Ode aux croque-morts

  • ©OLIVIER JAQUET

Cette semaine vous me trouverez au cimetière. Car, enfin, après plus d’une année de deuil, de réflexions, de procrastination, de break down, on a trouvé une pierre, des fleurs, une place et on va enfin pouvoir mettre la dame sous terre. Une année durant laquelle on a ramé, ma sœur et moi, à effectuer ce processus. Mais une année où l’on a été accompagnées. Je voudrais rendre hommage ici à tous les inconnus, les professionnels, du service public et du privé, qui nous ont suivies, du jour du décès de ma mère à aujourd’hui.

Dès le premier jour, la police et les médecins nous ont prévenues et aidées avec générosité. Le lendemain, au Service des pompes funèbres, une personne nous a accueillies et nous a accordé du temps. Elle nous a prises par la main alors que nous étions dans le brouillard. Le personnel du cimetière Saint-Georges nous a aidées à organiser la cérémonie que l’on souhaitait et qui aurait tant plus à cette romantique. Puis ils nous ont permis trouver un emplacement, prenant du temps pour nous, pour notre projet.

Le marbrier a compris ce qu’on voulait, a veillé une année durant à cette stèle qu’on avait tant aimée. Quand on est revenue une année après, il se souvenait de nous, et nous a avoué qu’il avait sué quand les gens posaient un œil sur cette vieille pierre. Le paysagiste s’est rendu disponible pour donner la touche qu’on voulait à la dernière demeure. Chacun d’entre eux a donné de ses compétences, de son temps et de son humanité pour nous permettre de faire notre chemin.

Ces gens bossent avec la mort tous les jours. Ils ne sont pas juste adéquats, ils sont bons, doués, gentils, investis et ils font avec le cœur un travail qui permet aux familles de trouver la paix dans un processus compliqué. Sinistre la mort? Non, grâce à eux, elle est douce et souriante.