Succès pour les protections hygiéniques gratuites

SANTÉ • A l’automne 2021, 53 distributeurs gratuits de serviettes ont été installés en Ville de Genève pour lutter contre la précarité menstruelle. Interview de la responsable de ce projet pilote, Héloïse Roman.

  • Au Club social rive gauche, le distributeur de protections hygiéniques remporte un franc succès. TR

  • Au Club social rive gauche, le distributeur de protections hygiéniques remporte un franc succès. En médaillon: Héloïse Roman, responsable du projet. TR/DR

    Héloïse Roman, responsable du projet. DR

On en retrouve dans les bibliothèques, les maisons de quartier, les centres-sportif ou encore dans les lieux liés à la grande précarité. Depuis l’automne dernier, des appareils distribuant gratuitement des protections périodiques ont vu le jour en ville. L’occasion de faire un premier bilan avec Héloïse Roman, chargée de projet égalité pour la Ville de Genève.

GHI: Cinq mois après leur installation, ces distributeurs sont-ils utilisés par les Genevoises? Heloïse Roman: Oui. Un premier bilan intermédiaire montre que les retours sont positifs, tant de la part des lieux partenaires que des personnes usagères. De petits ajustements sont opérés au fur et à mesure, notamment sur les quantités de serviettes prévues. Plus largement, il faut noter que la présence des distributeurs permet également de lancer des discussions sur la thématique des règles.

– Ces boîtes doivent-elles être souvent alimentées? Chaque dispositif a une capacité de 30 à 40 serviettes en coton biologique. Tous les lieux partenaires reçoivent un stock de serviettes (deux fois pendant l’année) et remplissent les distributeurs au fur et à mesure. A noter que la quantité écoulée varie en fonction des sites.

– A qui est adressé ce projet pilote? Aux usagères qui en ont besoin. Dans certains cas, ces personnes peuvent avoir des difficultés à se procurer des produits menstruels pour des raisons économiques. Dans d’autres, la nécessité d’avoir accès facilement à une protection hygiénique peut être liée à des questions pratiques ou circonstancielles (par exemple, un «dépannage» pour le cas où la personne n’aurait pas pu anticiper le fait d’avoir ses règles).

– La précarité menstruelle: quels risques? Les conséquences peuvent être sociales (exclusion, décrochage scolaire, etc.) ou encore sanitaires. Par exemple en augmentant les risques d’infection si les produits menstruels ne sont pas utilisés de manière adéquate en raison du manque d’accès en quantité suffisante ou aux informations concernant leur utilisation.

– Combien coûte ce projet pilote? Environ 20’000 francs pour une année. Le coût est pris en charge par la Ville. Cette dépense s’inscrit dans le cadre des actions de promotion de l’égalité entre femmes et hommes, développées par la Municipalité.

– Existe-t-il d’autres solutions pour lutter contre ce type de précarité? Au niveau national, il faut notamment que la loi sur la TVA soit révisée pour que les produits menstruels soient taxés comme des produits de première nécessité, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui. Il faut également mener des actions de sensibilisation pour informer, parler des règles et déconstruire les tabous qui les entourent. A cet effet, la Ville et ses partenaires organiseront début mars la Semaine de l’égalité 2022, pour aborder les discriminations qui entourent encore spécifiquement les corps féminins. Au menu: ateliers, conférences, pièce de théâtre etc.

Programme complet à retrouver sur le site www.semaine-egalite.ch