Un des derniers rottweilers genevois est mort

ANIMAUX • Nala, l’une des dernières chiennes de son espèce à Genève, vient de s’éteindre. Alors qu’ils se comptaient par centaines en 2008, il n’y a aujourd’hui plus que 17 chiens dits dangereux. Explications.

  • La chienne rottweiler, Nala, était un véritable pilier de la famille, selon ses maîtres. DR

    La chienne rottweiler, Nala, était un véritable pilier de la famille, selon ses maîtres. DR

Elle était l’une des trois dernières représentantes de sa race à Genève. Nala, une chienne rottweiler de près de 40 kilos, est décédée au mois de novembre, à 14 ans. L’animal emblématique a en effet pratiquement disparu du canton depuis l’adoption, en 2008, d’une loi qui encadre strictement la détention et interdit l’acquisition de chiens considérés comme dangereux.

Comme les rottweilers, les autres races dites d’attaque sont concernées par cette chute vertigineuse: de 583 molosses appartenant à cette catégorie en 2008, il ne reste aujourd’hui plus que 17 individus officiellement enregistrés. Une réalité que déplorent les maîtres de Nala.

«C’est dommage, les enfants qui naissent aujourd’hui ne connaîtront tout simplement pas ces races. C’est une page qui se tourne», regrette Claudia, qui a toujours pu compter sur sa chienne pour veiller sur ses trois bambins. Pour la famille, la souffrance liée à la disparition de Nala est encore vive. «C’était un pilier de notre petite tribu. Toutes nos activités s’articulaient autour d’elle et de nos enfants», ajoute Laurent, le père.

Le couple assure n’avoir jamais observé la moindre agressivité de la part de leur chienne. «Et pourtant, depuis la loi de 2008, les contraintes pour garder un tel chien sont devenues très lourdes (voir ci-dessous). Alors que je connais des petits chiens très agressifs qui mordent régulièrement et dont les maîtres ne doivent suivre aucun encadrement», s’étonne encore Laurent.

Caricatures et préjugés

Plus largement, la famille redoute que les idées reçues à l’égard de ces races ne se renforcent. «L’agressivité d’un chien est souvent liée à l’éducation qu’on lui donne. En les interdisant, on fait comme si les problèmes n’étaient liés qu’à la race de l’animal. Ce qui est faux», estime Claudia.

Le couple, qui concède que certaines règles sont tout de même essentielles (notamment les cours obligatoires pour les maîtres), plaide pour davantage de souplesse. «Sinon, les Genevois ne verront ces chiens qu’à travers des films anciens, où ils sont souvent caricaturés en animaux méchants, et cela renforcera encore les préjugés à leur encontre», insiste Laurent.

Volonté du législateur

Du côté des autorités, qui confirment cette chute drastique du nombre de chiens dits dangereux à Genève, on reconnaît qu’elle est le seul résultat du changement de loi. «Le législateur a défini dans le règlement d’application de la “LChien” les 15 chiens appartenant à des races dites d’attaque ou jugées dangereuses. L’acquisition d’un tel chien est interdite à Genève», détaille le docteur Michel Rérat, vétérinaire cantonal. Pourtant, certains Genevois ne respectent pas cette interdiction. «Régulièrement, notre service découvre des chiens appartenant à une race interdite sur le territoire», relate le docteur.

Alors, cette disparition est-elle une bonne ou une mauvaise nouvelle? «La réglementation a été acceptée par 65% des votants», rappelle simplement Michel Rérat.

Chiens dangereux: règles strictes

Pas facile de posséder encore aujourd’hui un chien présent sur la liste des races interdites à Genève. Et pour cause, si leur acquisition est désormais interdite, les règles pour pouvoir garder son animal sont nombreuses. En plus d’obtenir une autorisation de détention délivrée par le vétérinaire cantonal et d’être stérilisé, le molosse doit être tenu en laisse et muselé dès la sortie du domicile, y compris dans les espaces de liberté pour les chiens. D’autre part, le propriétaire doit passer (et réussir) chaque année un test de maîtrise et de comportement (TMC), examen lors duquel le maître doit prouver que son chien lui obéit.