«Je suis un homme heureux»

  • De feu et de vent» de Gilbert Albert, préface de Patrick Ferla, éditions Slatkine

    De feu et de vent» de Gilbert Albert, préface de Patrick Ferla, éditions Slatkine

- Comment allez-vous depuis votre départ de votre entreprise en 2010 ?

- Je suis un homme heureux. Et j'aime le dire. Ce que je peux changer, je le change. Ce que je ne peux pas, je l'oublie.

- Qu'est-ce qui vous rend heureux ?

- J'ai le bonheur de créer tous les jours. Il n'y a rien de plus terrible que d'être à la retraite et de ne rien avoir à faire.

- Votre dernière création ?

- Un bouquin qui sort le 13 décembre, avec des dessins, des esquisses, des reproductions de bijoux, de sculptures, de tableaux… et des textes de moi. Patrick Ferla, mon vieil ami journaliste et célèbre homme de radio, m'a fait le plaisir de lire mes textes, de les corriger, de les annoter… et de me proposer de le préfacer! J'ai tout mis dans ce livre. J'y retrace 60 ans de création.

- Ces deux dernières années n'ont pas été faciles? Comment vivez-vous le fait que votre nom soit aujourd'hui associé, dans les médias, à celui de Majid Pishyar ?v

- J'ai vendu mon entreprise parce que je n'avais plus la santé pour continuer. J'ai la décence de ne pas énumérer mes ennuis de santé. A passé 80 balais, je méritais bien de lever le pied, vous ne croyez pas ? 

- Ce livre, vous l'avez écrit pour faire la lumière sur ce qu'il y a de beau plutôt que de rester sur le côté obscur d'une reprise douloureuse ? Vous a-t-il apaisé ?

- Je l'ai écrit pour dire simplement que j'existe! Ce livre n'est pas un bilan. Il est l'image de mes bonheurs de créer, les plus beaux, ceux que je partage et partagerai encore et encore, tant que Dieu me prêtera vie.

- Vous avez ainsi l'impression d'avoir tourné la page ?

- Disons que je suis prêt à écrire la prochaine page! Mon modèle, c'est Henri Troyat. Il a décidé de faire son dernier livre à 94 ans. Il l'a fait, et il est mort. Mais comme c'est beaucoup trop tôt pour moi qui ai déjà 82 ans, je vais plutôt suivre Théodore Monod qui avait dit: «Quand j'aurai atteint les 20'000 plantes répertoriées, je pourrai m'en aller». Il est arrivé à la 20'000e à 100 ans!

- Vous estimez avoir été un homme chanceux ?

- Je déteste ce mot. Je suis reconnaissant d'avoir reçu plus de talent que les autres! Dieu me l'a donné en prêt pour que je le fasse fructifier. J'ai bien labouré mon champ. Je ne suis, comme disait mon père, qu'un manuel. Et heureux de l'être, aussi!

- Vous avez changé de signature personnelle depuis la vente de votre entreprise. Un choix ?

- La différence est minime, mais ce n'est plus la même: «Quand on tourne la page, on tourne la page!»

- De gros projets pour les années à venir ? 

- Demain, comme chaque jour, je vais prendre des chemins inconnus et partir à la découverte de mes soleils qui se cachent derrière les nuages.

«De feu et de vent» de Gilbert Albert, préface de Patrick Ferla, éditions Slatkine.