Cette semaine au cinéma

  • Dans «The French Dispatch», chaque image est conçue comme un tableau. WALT DISNEY

  • Dans «Barback», Fabrice Eboué et Marina Foïs incarnent un couple de bouchers. DR

«The French Dispatch»

FICTION • La magie visuelle, élégante et décalée, de Wes Anderson est de retour dans cette allégorie d’une certaine idée de la France, désuète et charmante comme un livre d’images d’Epinal teinté de poésie surréaliste à la Prévert, Tati, Vian ou Supervielle. Dans la ville fictive d’Ennui-sur-Blasé, dont le plan ressemble étrangement à celui de Paris, des journalistes américains issus d’un grand quotidien de Liberty, Kansas, doivent boucler le dernier numéro de leur complément français, suite à la mort de leur rédacteur en chef. On suit donc le parcours de chaque reporter dans des enquêtes sur le terrain qui remontent le fil d’histoires extraordinaires dans une France totalement rétro-fantasmée.

Véritable hommage au journalisme, à l’amour des mots et des histoires, «The French Dispatch» est un bijou visuel où chaque image est conçue comme un tableau, une miniature dans une boîte à musique, au millimètre près. Le casting cinq étoiles est servi dans une collection d’histoires courtes où se côtoient des artistes psychopathes, des policiers gastronomes, des étudiants yé-yé révolutionnaires, des Américains en terre inconnue et des clichés aussi délicieux que surannés sur les Français.

 

«Barback»

COMÉDIE • Vincent et Sophie sont bouchers, mais leur commerce bat de l’aile, entre la concurrence industrielle et les végans venus saccager leur boucherie. Et côté couple, ce n’est pas le top non plus. Après avoir accidentellement tué un militant végan, Vincent décide de se débarrasser du corps en le transformant en jambon, que sa femme va vendre par mégarde. Le jambon rencontre un succès fou, et le couple va devoir trouver à se réapprovisionner en végans frais.

L’humoriste Fabrice Eboué, ici acteur, scénariste et réalisateur, ne s’interdit rien dans cette comédie en rouge et noir qui prend un malin plaisir à franchir toutes les lignes jaunes de la bien-pensance ambiante. Ici, tout le monde en prend pour son grade, ça tire dans tous les sens, la satire est partout, et c’est là l’atout principal du film qui est un bon contre-pied au fameux «aujourd’hui on peut pu rin dire» qu’on entend régulièrement au café du coin des réseaux sociaux.

Alors si, on peut encore dire, on peut encore rire, et même de tout, mais quand c’est bien fait. C’est le cas ici. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu un film aussi grinçant, à la manière de «Bernie», d’Albert Dupontel (1996) ou du mythique «C’est arrivé près de chez vous», avec Benoît Poelvoorde (1992).