Quand moins de médecine, c’est plus de santé!

LESS IS MORE • Le système de santé suisse maximalise le recours à la médecine. Or, pour soigner mieux et à meilleur coût, il faudrait penser optimalisation des soins et solidarité.

  • Etablir une relation de confiance avec son médecin traitant. ISTOCK/DIDESIGN021

    Etablir une relation de confiance avec son médecin traitant. ISTOCK/DIDESIGN021

Avec la collaboration du Pôle prévention et promotion de la santé du Réseau de santé Delta. www.reseau-delta.ch

Sachez-le, ce n’est pas en multipliant les rendez-vous, les analyses, les examens et les gestes médicaux que vous serez en meilleure santé. En fait, c’est exactement le contraire: l’utilisation à outrance de services de soins augmente d’autant les risques de maladie.

On considère même que 30% des examens ou des traitements médicaux sont totalement inutiles (1). La médecine est ainsi pavée de médicaments, d’opérations, de radios, de tests qui ne servent à rien. Pire, au-delà d’un certain seuil, la courbe d’efficacité des traitements médicaux décroît fortement à mesure qu’on en ajoute! Les erreurs, les effets secondaires des traitements et le stress induit en sont les premières causes.

Question indispensable

Et ce gâchis prend sa source dans notre système de santé. La facturation à l’acte met en effet la priorité sur le volume des traitements et non sur l’efficacité des soins. Ainsi, tous les acteurs du domaine, médecins, laboratoires d’analyse ou de radiologie – et bien sûr les patients – sont incités à surconsommer plutôt qu’à trouver le bon chemin entre dépenses et efficacité.

Or, nos primes d’assurance-maladie financent ce système dont l’embonpoint menace désormais le budget des ménages et celui de la santé. Il devient ainsi peu à peu indispensable de se poser la question de l’utilité de chacune des décisions médicales.

Responsabilité

Et chacun peut faire quelque chose. Le duo que vous formez avec votre médecin de famille peut en effet se révéler d’une redoutable efficacité. Le généraliste a besoin du recul de son patient sur sa vie et ses maux; le patient, lui, doit pouvoir compter sur les connaissances de son praticien tout en introduisant le débat sur l’utilité ou non d’un traitement.

Au final, c’est plus de sécurité à moindre coût. Et les coûts, c’est vous qui les réglez.

(1) www.primary-care.ch

Voir la vidéo «Y’a pas le feu au scanner»: https://youtu.be/U5zk02uEbdA

Top 5 des gestes inutiles

La société suisse de médecine générale recommande de ne pas pratiquer les tests et prescriptions suivants dans le domaine ambulatoire.

1. Un bilan radiologique chez un patient avec des douleurs lombaires non spécifiques depuis moins de 6 semaines.

2. Le dosage du PSA pour dépister le cancer de la prostate sans en discuter les risques et bénéfices avec le patient.

3. La prescription d’antibiotiques en cas d’infection des voies aériennes supérieures sans signe de gravité.

4. Une radiographie du thorax dans le bilan préopératoire en l’absence de suspicion de pathologie thoracique.

5. La poursuite à long terme d’un traitement pour diminuer l’acidité gastrique sans utiliser la plus faible dose efficace.

Avis du spécialiste - Dr Philippe Schaller

Dr Philippe Schaller

QUE FAIRE FACE À LA HAUSSE DES COÛTS DE LA SANTÉ?

Less is more! Ce nouveau courant de pensée chez les professionnels et les patients est une invitation à s’interroger sur l’utilité des traitements prescrits et notamment ceux qui amènent plus de risques que de bénéfices, pour sa santé.

Cette surconsommation inutile risque d’entraîner une augmentation des coûts de l’assurance-maladie et de rendre difficile l’accès à certains traitements trop coûteux. En priorisant les soins utiles, on évitera l’explosion des coûts.

EN TANT QUE PATIENT, QUE PUIS-JE FAIRE?

Avoir une relation de confiance avec son médecin traitant et exiger une information claire et objective pour prendre les décisions pour ma santé et éviter la surmédicalisation.

En règle générale, posez-vous la question de l’équilibre entre l’avantage du traitement proposé et les risques encourus. Renseignez-vous et questionnez votre médecin sur la pertinence scientifique de ce qu’il affirme. Positionnez-vous en patient partenaire critique et confiant!