«Il s’agit d’une belle et véritable histoire humaine»
Pierre-André Bohnet, architecte
Comment réécrire l’Histoire? Ou plutôt lui donner une nouvelle dimension? En scellant définitivement un événement – tragique s’il en est – à un bel ouvrage genevois. Explications.
Agressée à Genève
«Léger» retour en arrière. Le 10 septembre 1898, la jeune et belle Impératrice Elisabeth d’Autriche est agressée sur le quai par Luigi Luccheni, un anarchiste italien. Sissi pense être légèrement blessée et embarque tout de même sur le bateau Genève, qui navigue depuis deux ans sur les eaux du Léman. Parti en direction du Territet, le bateau doit revenir plus vite que prévu pour ramener Sissi à l’hôtel Beau-Rivage, où elle mourra peu après. Ce pourrait être la fin de l’Histoire. Que nenni.
L’amitié d’abord
Pierre Grelly et Mario Borella, deux amis d’enfance et directeurs d’entreprise, discutent, un beau jour ensoleillé d’octobre 2013, à la buvette du bateau Genève, amarré au quai marchant des Eaux-Vives. L’embarcation, dévolue depuis 40 ans aux plus démunis et constituée en association, revient tout juste d’une remise en beauté. Le duo demande à voir la fameuse «cabine Sissi» et rêve alors de valoriser ce pan de l’histoire. De quelle manière? En créant une vraie «cabine Sissi» sur le Genève avec comme buts de soutenir les efforts de l’Association pour le bateau Genève et, ainsi de préserver le bâtiment et favoriser la réinsertion de ses bénéficiaires «passagers».
Une histoire de cœurs commence alors et de nombreux partenaires s’unissent dans ce même élan, notamment Pierre-André Bohnet, architecte et président de l’association, ainsi que Serge Lançon, directeur des Services socioprofessionnels des Etablissements publics pour l’intégration (EPI).
Honoré de faire partie du projet
Pour Pierre-André Bohnet, ce projet est riche à plus d’un titre. «Il s’agit là d’une belle et véritable histoire humaine, explique-t-il. Je suis honoré d’y être associé en tant qu’architecte avec mon bureau Strata Architecture et d’y associer le bateau Genève. Tous, participants et partenaires, nous avons ainsi l’occasion de nous inscrire sur le tracé de cette reconstruction du parcours de Sissi.»
Même constatation du côté du directeur des Services socioprofessionnelles des EPI, actifs dans la réinsertion professionnelle de personnes en difficulté grâce à 25 ateliers et plus de 40 métiers reconnus en CFC. «Une équipe de huit personnes a participé à ce projet magnifique et unique: des serruriers, des mécaniciens et des menuisiers pour aménager la zone concernée et fabriquer, à l’identique de l’époque, des hublots rectangulaires et un banc», explique Serge Lançon. L’occasion aussi de montrer d’autres talents et savoir-faire de cette institution genevoise. Alors, que l’histoire continue.
Infos: www.bateaugeneve.ch