Fiasco fédéral

  • FRANCIS HALLER

C’est une histoire un peu folle. Qui mêle tout à la fois idéologie et aveuglement. Et qui aurait pu passer totalement inaperçue si le coronavirus n’avait pas débarqué dans nos existences au début du mois de mars dernier. Cette histoire, c’est celle de 10’000 tonnes d’éthanol liquidées par l’administration alors qu’elles auraient permis à la Confédération de répondre immédiatement à la pénurie de désinfectant dès le début de la pandémie. Evitant au passage à la population de devoir se ruer sur le web ou dans des commerces plus ou moins agréés pour en acheter à des prix prohibitifs.

L’éthanol, au cas où vous ne le sauriez pas, c’est un «agrocarburant» produit à partir de matières premières agricoles. Il est souvent utilisé dans l’industrie comme solvant ou désinfectant. Dans le cas du Covid-19, il est un élément essentiel dans la préparation des fameux gels ou liquides dont nous avons tant manqués.

La faute à qui? A nos représentants aux Chambres fédérales qui, à l’unanimité, et dans la foulée de la révision de la loi sur les alcools il y deux ans, ont poussé la Confédération à se séparer de son stock pour le vendre à des privés! Inconscience des élus? Un ancien conseiller national et rapporteur de la commission concernée assume que cela ait pu être une mauvaise décision (lire ci-contre).

Les faits, têtus, sont pourtant là. Reste à espérer que ce fiasco fédéral n’en cache pas d’autres, à l’exemple des masques de protection, introuvables eux aussi au début de la crise sanitaire.

«Gouverner, c’est prévoir!» a dit avec justesse l’homme politique français Adolphe Thiers. Dans ce cas précis, la classe politique dans son ensemble ne l’a tout simplement pas fait!