Flou artistique

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A l’arrêt forcé depuis le mois de mars, une partie de l’industrie du spectacle et de l’événement ne cesse de vivre des lendemains qui déchantent. Dernière couleuvre à avaler: le renforcement par le Conseil d’Etat des règles de protection pour les manifestations publiques et privées à Genève (lire en page 5).

Ces contraintes sanitaires plus strictes réduisent quasiment à néant, localement tout au moins, l’annonce du Conseil fédéral d’autoriser à nouveau les manifestations de plus de 1000 personnes dès le 1er octobre. Comment imaginer en effet qu’un organisateur prenne le risque d’avancer le cachet d’un artiste célèbre et populaire, de lancer la campagne publicitaire et la vente des billets avec la peur que, pandémie oblige, les jauges de spectateurs et les mesures sanitaires puissent être revus à tout moment et de manière différenciée dans chaque canton. Impensable.

Même avec la meilleure flexibilité du monde, aucune programmation sérieuse ne peut se construire sur un tel flou artistique… Il appartient aux autorités de le lever de toute urgence. Comment? C’est à elles et aux principaux acteurs de cette industrie du spectacle pour grand public de réinventer de manière durable le modèle économique. Cela passera sans doute par des aides ciblées. Il est important de rappeler que depuis le début de la pandémie, la plupart des grands organisateurs privés n’ont pas reçu le moindre centime d’aide.
Bien entendu, l’Etat ne peut pas tout. Mais se concentrer sur l’essentiel, c’est assurément venir en aide à ce monde du divertissement qui réunissait chaque année des millions de spectateurs.
Un public dont la soif d’émotions, l’envie de rêver, de chanter, danser, s’émouvoir, bref de s’évader grâce au spectacle vivant n’a fait que se renforcer avec la crise sanitaire.