Fracture générationnelle

  • Giancarlo Mariani - Rédacteur en chef

    Giancarlo Mariani - Rédacteur en chef

Dimanche matin, jour de votation. Le préau de l'école des Cropettes, celui des tout-petits, est infesté de cadavres de bouteilles d'alcool vides ou brisées. La cour est un véritable cimetière de cannettes de bière éventrées et de détritus parmi lesquels on trouve même une serviette ensanglantée. Au milieu de ces restes répugnants de la beuverie de la veille, des enfants jouent sous le regard effaré de leurs parents et celui impuissant du concierge des lieux.

Le pire, c'est que cette scène se reproduit chaque week-end dans d'autres préaux ou parcs publics de la Ville et du Canton. A bien écouter concierges, employés municipaux des Espaces verts ou de la voirie, riverains d'écoles ou de parcs (lire en page 3), une insupportable impunité règne pour les fêtards. Agés pour la plupart entre 16 et 24 ans, ces derniers se plaignent de manquer d'espaces pour se retrouver la nuit et faire la fête à un prix raisonnable. Des jeunes qui se réunissent en très grand nombre grâce notamment aux réseaux sociaux. Evidemment, se rassembler dans un parc n'a, a priori, rien d'illégal. Le transformer en décharge publique ou en boîte de nuit survoltée, oui. C'est le cas trop souvent aujourd'hui. Il est urgent que les autorités mettent un terme au chaos. Comment? D'abord en arrêtant de se renvoyer ce dossier délicat entre Ville et Canton. Un accord doit être trouvé rapidement pour unir toutes les forces et lutter efficacement contre ce fléau. Sur le court terme, cela signifie plus d'opérations ciblées. Sur le long terme, la mise en place d'une véritable politique cantonale contre les déprédations dans les espaces publics. En Ville, les parcs représentent plus de 20% du territoire. Et, surtout, ils étaient l'un des rares lieux urbains, où, en principe, la fracture générationnelle n'avait pas de place.