Permis de tuer

  • Christine Zaugg, rédactrice en chef adjointe

    Christine Zaugg, rédactrice en chef adjointev

Ils ont roulé à tombeau ouvert, se sont livrés à une course-poursuite à 120 km/h. Un des chauffards du rodéo meurtrier de Vernier était ivre, drogué. Le second connu comme un «fou» de la vitesse. Leur course a provoqué le décès d’un innocent: Aziz est mort carbonisé dans sa voiture. Fatale inconscience de deux chauffards? Pour le procureur en charge de l’affaire, ce «jeu» hautement risqué ne doit pas être jugé comme un simple homicide par négligence. Mais comme un meurtre par dol éventuel. Un qualificatif qui signifie que s’ils n’ont pas pris le volant pour tuer, ils avaient conscience des risques de leur comportement. Et la différence juridique est de taille: les peines pour homicide par négligence ne peuvent dépasser 3 ans, dont la plus grande partie avec sursis.  Le meurtre par dol éventuel punit en revanche les chauffards d’au moins 5 ans d’enfermement. Certains cantons alémaniques ont osé sévir et condamner ceux qu’ils considèrent comme «des» meurtriers de la route. Et à Genève? Depuis, 2008, la justice s’y essaye. En vain. Aujourd’hui, c’est le Tribunal fédéral qui est appelé à trancher. Le rodéo de Vernier doit servir de cas d’école. En cas de statu quo, il est urgent d’explorer une voie intermédiaire: elle consiste à introduire une nouvelle infraction, celle de rodéo mortel. Pour que le permis de conduire ne devienne pas un permis de tuer.