Une guerre fiscale larvée

Il est toujours délicieux d’entendre les discours des gouvernements genevois et vaudois. Officiellement donc, il n’existe aucune concurrence fiscale, l’arc lémanique est une grande famille dans un même bateau. Mais comme dans toutes les familles, il existe des non-dits. Le premier concerne le vent de panique qui souffle sur Genève, il est bien réel. Les patrons de PME envisageant de traverser la Versoix pour bénéficier d’un taux d’imposition sur les bénéfices de 13,79% et non 24,2% se comptent par dizaines (lire ci-contre).

Dès le 1er janvier prochain, cet écart d’imposition va donc poser un sérieux problème de concurrence entre les deux cantons. A Genève, on prie pour que le projet fédéral de réforme fiscale et de financement de l’AVS (RFFA) soit accepté par le peuple l’an prochain. Pendant ce temps, le gouvernement vaudois a accéléré l’entrée en vigueur de la RIE III. Une manière à peine cachée de mettre la pression sur les autorités genevoises. Deuxième non-dit, tout le monde a en tête l’idée d’un refus de la RFFA. Si cela devait se produire, les emplois basculant de Genève à Vaud se compteront par centaines ou plutôt par milliers. Lors de la votation fédérale prévue en mai 2019, il conviendra donc de faire preuve de pragmatisme. Car après la RIE III et la RFFA, pas sûr qu’il existe un plan C dans les tiroirs.