Genève Aéroport n’exclut plus une décroissance

MOBILITÉ • A l’étroit, Cointrin doit faire face à une hausse constante du nombre de passagers. Pour la première fois, la direction envisage de réduire la croissance de l’aéroport. Explications de son porte-parole, Bertrand Stämpfli.

  • 16,5 millions de passagers ont été accueillis en 2016. DR

    16,5 millions de passagers ont été accueillis en 2016. DR

– GHI: Quelle est l’évolution constatée du nombre de passagers de Genève Aéroport en 2016?

Bertrand Stämpfli: Nous avons accueilli en 2016 quelque 16,5 millions de voyageurs, soit 4,8% de plus que l’année précédente.

– Est-ce bien raisonnable de maintenir une telle croissance alors que les périodes de surcharge de passagers se multiplient?

– Genève Aéroport ne poursuit pas un objectif de développement quantitatif, mais davantage qualitatif. La concession fédérale, au terme de laquelle, nous exploitons cette plateforme genevoise nous fait obligation de répondre à la demande. Ce n’est pas l’aéroport qui grandit: c’est davantage la demande en déplacement qui augmente. Il est vrai que, de plus en plus souvent lors de certains week-ends chargés, nos infrastructures montrent leurs limites.

– Vous pourriez donc ralentir cette croissance?

– Nous ne disposons pas de beaucoup de leviers pour infléchir la croissance, elle est directement liée à l’évolution du PIB de la région. Si cette croissance devait continuer à dépasser les prévisions, sans que nous puissions augmenter nos capacités, il faudra toutefois effectivement réfléchir à des moyens de la ralentir.

– Comment évolue votre rapport avec les riverains excédés par les nuisances sonores et environnementales?

– L’aéroport est une plateforme industrielle qui génère des pollutions sonores et atmosphériques. Il ne faut pas nier la souffrance de ceux qui y sont exposés. Toutefois, nous investissons des sommes colossales pour insonoriser les logements des personnes habitant dans les zones d’exposition au bruit.

– Vous avez des chiffres?

– Plus de 51 millions de francs ont déjà été investis dans ces programmes, tant en Suisse qu’en France voisine. Nous allons encore investir 83 millions dans les années à venir. Par ailleurs, nous menons une politique très volontariste sur les plans environnemental et énergétique, avec un grand nombre de projets visant, notamment, à limiter nos émissions gazeuses.

– La dépendance de Genéve Aéroport à easyJet, qui opère actuellement 43% des vols à Cointrin, n’est-elle pas dangereuse? Que feriez-vous si la compagnie décidait de partir?

– La part de trafic assurée par easyJet n’a rien d’extraordinaire. Dans certains autres aéroports, elle est largement supérieure à cela. Nous conservons un mixte d’aviation très diversifié, avec une cinquantaine de compagnies opérant sur la plateforme. Surtout, Genève constitue à n’en point douter l’une des bases les plus rentables de la compagnie orange, qui y trouve des passagers dans tous les segments: affaires, tourisme, loisirs… On imagine mal qu’elle abandonne un tel marché.