Grosse bisbille autour des indemnités de repas

VILLE DE GENEVE • Des élus boycottent le restaurant de l’OMM où ils siègent depuis cet automne. Du coup, leurs indemnités repas sont suspendues. Ils ont pris un avocat pour résoudre le différend. Explications

  • Le Conseil municipal siègera dans la salle de l’OMM durant trois ans. DR

    Le Conseil municipal siègera dans la salle de l’OMM durant trois ans. DR

On pensait que le scandale des notes de frais de certains conseillers administratifs, le mea culpa et les excuses de ces derniers allaient remettre un peu de bon sens – à défaut d’ordre – dans les travées du Conseil municipal de la Ville de Genève. Que nenni! Il reste un autre point administratif sur lequel on se chamaille beaucoup dans le sérail politique en ce moment, ce sont les repas des conseillers municipaux.

Habitudes bousculées

Depuis que ces derniers siègent dans la salle de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), avenue de la Paix et non plus à l’Hôtel-de-Ville, il a fallu changer les habitudes pendant les pauses, raccourcies. Adieu les cafés-restaurants de la Vieille-Ville où l’on continue à parler politique en mangeant une fondue. Ici, du côté de Sécheron, on est un peu pauvre côté bistrots. Il a donc fallu «se retourner». Une solution a été trouvée et un contrat établi avec le restaurant de l’OMM, normalement fermé le soir.

«Nous envoyons les menus par e-mail aux conseillers municipaux et ceux-ci peuvent s’inscrire», indique Marie-Christine Cabussat, cheffe du Service du Conseil municipal. Prix du menu tout compris (entrée, plat principal, dessert, boissons alcoolisées ou non et café/thé): 42 francs, soit 2 francs de moins que la somme prévue par le projet «Jetons de présence et indemnités 2015-2020» que se sont accordé les conseillers municipaux pour les repas, par séance plénière.

«Vraiment pas bon!»

Mais voilà que la nourriture de l’établissement, pourtant labellisé «Fourchette verte», ne plaît pas à tout le monde. A tel point que des élus du PLR et du MCG ont décidé un boycott. «On mange moins cher et mieux à la Migros», commente l’un d’entre eux sous couvert d’anonymat. Les murs de la cafétéria ont tremblé quand le chef de groupe du MCG, Daniel Sormanni, a crié son mécontentement. «Je suis un grognon, répond-il. Mais c’est vraiment pas bon! Les aliments sont de mauvaise qualité. Et puis c’est beaucoup trop cher!»

Remboursement?

Du coup, des édiles vont dîner ailleurs. Seul problème: ils doivent payer de leur poche. Et parce qu’il n’y a pas de petit profit, ils ont décidé de prendre un avocat pour se faire rembourser leur «dû». «Il n’est pas acceptable d’imposer aux élus de dîner dans un lieu déterminé, a fortiori sans base légale, octroyant ce faisant un monopole à un seul acteur économique de la place», indique Me Romain Jordan.