Coûts de la santé. L’heure du grand ménage a sonné à Genève. Le ministre de la Santé Mauro Poggia (en médaillon) s’attaque frontalement à des pratiques médicales qu’il juge pour le moins «discutables», voire «illégales». Dans le collimateur du conseiller d’Etat, les laboratoires d’analyses médicales actifs dans le canton qui, selon lui et ses services, rétrocèdent aux médecins un pourcentage du chiffre d’affaires réalisé grâce à eux.
Enrichissement personnel...
«En clair, la rétrocession de commissions des laboratoires aux médecins est une pratique illégale banalisée», pointe d’emblée le chef du Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé (DEAS). Qui poursuit: «Si la rémunération forfaitaire du médecin pour le travail qualifié de pré-analytique pourrait être admise, pour autant qu’elle ne soit pas excessive, toute rétrocession même sur des pourcentages faibles est contraire à la législation et pourrait conduire les professionnels de la santé à s’entendre à des fins d’enrichissement personnel. Il faut combattre de toute urgence ces pratiques incitatives à la prescription d’analyses superflues et s’assurer que la rémunération des médecins par les laboratoires reste strictement adaptée au temps réellement consacré au dossier. Mes services poursuivent leur appréciation à cet égard.»
Avertissement avant punition
En attendant, le magistrat a déjà envoyé des courriers recommandés que GHI s’est procurés, dans lesquels il avertit l’Association des médecins (AMGe) quant aux risques encourus si une telle pratique se poursuivait au-delà du 30 juin 2018. Une lettre en forme de véritable ultimatum. «On va mettre tout le monde à l’épreuve du feu. D’abord, en avertissant chacun que ces pratiques sont contraires à la loi et grèvent les fonds destinés à la santé. Ensuite, on punira en dénonçant les cas et en demandant le remboursement intégral de ce qui a été perçu à tort. Je rappelle que le droit fédéral stipule très clairement que toute rétrocession ou remboursement de frais doit profiter au patient ou à l’assureur», prévient Mauro Poggia. Avant de conclure: «Les promesses d’efforts ne suffisent plus. L’urgence est aux mesures concrètes pour enrayer la hausse constante des coûts de la santé. Les médecins sont les premiers à dire qu’ils sont prêts à remettre en cause leurs pratiques dans l’intérêt général. Ils ont ici l’occasion de joindre la parole aux actes. Quant à la marge bénéficiaire des laboratoires, elle pourrait être revue puisqu’elle permet non seulement de rétrocéder des commissions mais en plus de dégager des bénéfices suffisants.»