Les vieux Genevois sont des indiens dans la ville

A la liste des objets tombés en désuétude, on pourrait rajouter les nombreux mots genevois, ou régionaux, sujets de notre rubrique «De Bleu, de Bleu». Des locutions qui ont tendance à disparaître ou qui sont déjà obsolètes.

  • STEF

    STEF

A Genève, qui dit encore camisole, costume de bain, falsard, niüs, gouille, bidagnol, bisule ou mascogne? Plus grand monde, sans doute. A part les plus de 50 ans, et encore, même, s’il y a des exceptions.

Benzine et signofiles

Mon pote Christian, enfant de Plainpa, met ainsi encore de la benzine dans sa vieille bagnole, dont les signofiles ne fonctionnent plus depuis belle lurette. De quoi prendre une sacrée prune s’il tombe sur une patrouille de gâpions.

Patenailles et meûrons

Grand-mère Germaine, qui cause encore le vieux genevois, regrette pour sa part le bon vieux temps où l’on trouvait encore dans nos commerces des produits répondant à des noms typiques du terroir. «A l’époque, on pouvait encore acheter dans nos épiceries des patenailles, des meûrons, des raisins de mars, des anailles, du from’tom et des tiges de branlettes, termes locaux qui ont tous été francisés. Dommage.»

Un régal la chair morte!

Même constat du côté de nos spécialités culinaires, qui se résument aujourd’hui à la longeole et… aux kebabs! Oubliés les tôt-faits, les châchôs aux greubons, la figâce aux pommes, les matefaims, les croûtes dorées et les Polonais. Sans oublier la divine chair morte, morceau de bidoche filandreux, s’apparentant à de la bavette, proposé jadis dans toutes les boucheries des quartiers populaires. Un régal avec une pointe de sel et un zeste de citron!

Une canette? Plaît-il?

Sur ces considérations un brin nostalgiques, je vous laisse, chers lecteurs. Direction le bar branché du coin pour me remonter le moral. «Sommelière, mettez-moi une canette, svp!» Et la fenole (femme) de me répondre: «Plaît-il? Mais vous avez quel âge, Monsieur? Aujourd’hui, nos clients ne commandent plus de canettes, mais une petite ou une grande blonde!» De bleu, la honte. La prochaine fois, je prendrai un renversé. Pour peu que ce mot romand existe encore…