«Le prix ne doit pas être le seul critère lors d’un achat»
Pascal Vandenberghe, directeur de Payot
Martine*, une habitante de Satigny, a payé 7400 francs une montre dont elle n’a jamais vu la couleur. Son histoire avait pourtant bien commencé: «L’hiver dernier, je voulais faire un beau cadeau à mon mari, se souvient encore émue la dynamique mère de famille de 45 ans. Il adore les belles montres alors j’ai commencé à regarder sur internet ce que je pouvais trouver. Je suis tombée sur son modèle rêvé, il était 30% moins cher qu’en boutique. Je n’ai donc pas hésité.»
Dangers
Martine a payé sans jamais recevoir son garde-temps. Elle a bien tenté de contacter le site en question, en vain. Pire, quelques jours plus tard, il avait disparu. Cette mésaventure n’est pas isolée et démontre à quel point il convient de bien réfléchir avant de faire ses cadeaux de Noël en ligne.
Un constat que partage Sophie Dubuis, directrice de Bucherer: «Pour les produits de luxe, le grand danger, c’est la contrefaçon. De nombreuses montres de marque sont vendues sur la Toile, mais ce sont souvent des fausses. Pour les consommateurs, il est ensuite impossible de se retourner. Quand on achète un produit de luxe, il convient d’obtenir un certificat et de vivre l’expérience de l’achat en boutique. C’est pour cette raison que les enseignes de la rue du Rhône sont peut-être moins touchées par la concurrence d’internet.»
Achats citoyens
Si les sites marchands offrent souvent un choix plus large et une disponibilité 24h/24, il faut avoir à l’esprit que les dangers sont omniprésents. Produis défectueux, frais de douane élevés, contrefaçons, risques de piratage des données bancaires, faire ses cadeaux en ligne n’est pas sans risque.
Concurrence
Pour concurrencer à armes égales ces sites, Fabienne Gautier, présidente de la Fédération du commerce genevois, estime qu’il est temps de supprimer certains obstacles au commerce traditionnel: «Les boutiques genevoises ont fait beaucoup d’efforts depuis l’abandon du taux plancher en réduisant leurs marges et donc leurs prix. La situation est toujours inquiétante pour de nombreuses enseignes. Il faut se réveiller en élargissant les horaires d’ouverture tout en favorisant l’accessibilité au centre-ville. Nous n’avons pas le choix car la concurrence est désormais mondiale.»
Achat en ligne
Et les chiffres confirment cette réalité. En 2015, les achats en ligne ont progressé de 13% en Suisse pour une valeur globale de 9,1 milliards. Une situation qui nécessite un rappel de quelques réalités: «Les sites comme Amazon ou autres ne créent quasiment pas d’emplois, ils ne paient pas d’impôts en Suisse et rétribuent très mal leurs employés, tonne Pascal Vandenberghe, directeur de Payot. Le prix ne doit pas être le seul critère, il convient aussi d’être attentif au conseil et au service après-vente. Je sens cependant depuis quelques mois une véritable prise de conscience. Les gens reviennent dans les commerces traditionnels.»
* nom connu de la rédaction