– GHI: Une gigantesque marée verte est sur le point de recouvrir Genève...
– Antonio Hodgers: Oui. Dans le cadre de la construction de nouveaux quartiers, nous allons créer près de 600’000 mètres carrés de nouveaux espaces verts publics. Soit 10 fois la surface du parc des Bastions. Ce chiffre vient d’être calculé pour la première fois par mon Département de l’aménagement, du logement et de l’énergie (DALE). Il est éloquent.
– Qu’est-il censé démontrer?
– Il traduit la volonté de l’Etat de faire la part belle aux espaces verts publics, notamment parcs, promenades et coulées vertes. Une manière efficace de valoriser le bâti, l’attractivité du territoire et, surtout, de favoriser la qualité de vie des habitants.
– Des exemples concrets?
– Oui. Sur la liste figurent notamment le parc agro-urbain entre Saint-Matthieu et Cressy à Bernex, la promenade des Grands-Esserts à Veyrier, le futur quartier des Cherpines à Plan-les-Ouates, ceux de l’Etang à Vernier ou des Communaux d’Ambilly à Thônex. Sans oublier le parc public du PAV (Praille-Acacias-Vernets).
– De nouveaux quartiers que vous ne voulez pas voir se transformer en boîtes de béton et de bitume?
– Ce n’est en effet pas ma vision de la construction. Avec un potentiel d’expansion limité, Genève doit impérativement jouer la carte de la densification. Mais celle-ci n’est supportable que s’il existe des espaces de nature, de respiration, des zones de rencontre et de détente pour les habitants.
– A quel horizon ces projets sortiront-ils de terre?
– 2023-2030.
– C’est loin…
– Ce sont des délais moyens et longs parce que réalistes. Ils intègrent les recours, notamment pour le déclassement de certaines zones villas qui se rebellent. Ils prennent aussi en compte le temps nécessaire à la construction.
– Ne craignez-vous pas que blocages et oppositions finissent, comme souvent, par faire moisir les projets dans les tiroirs?
– Non. Il faut essayer de résoudre les problèmes en amont. Pour cela, nous travaillons en coordination avec les autorités communales et l’ensemble des partenaires.
– Genève est déjà richement dotée de parcs, promenades et d’espaces de verdure. La Ville est même régulièrement classée parmi les plus vertes d’Europe. N’êtes-vous pas en train d’intensifier la guerre contre les zones villas?
– Certainement pas. Je suis fier de vivre dans un canton-urbain déjà doté de poumons verts. Le problème avec les zones villas, c’est que leurs propriétaires, qui représentent 10% de la population, occupent 50% du territoire bâti. Leurs espaces de verdure sont certes beaux mais ils ne sont pas pour la population. Les futurs espaces verts dont je vous parle seront ouverts toute l’année et accessibles gratuitement à tout le monde. C’est cela la grande différence.
– Une différence qu’il va bien falloir financer. Combien cela va-t-il coûter?
– La création d’espaces verts coûte entre 100 et 150 francs le m2. Sur la base des 600’000 m2 prévus, la fourchette totale se situe entre 60 millions et 90 millions de francs. Le Fonds intercommunal de développement urbain (FIDU), alimenté par les communes et le Canton, sera une aide au financement.
– En communiquant seul ce chiffre de 600’000 mètres carrés, n’êtes-vous pas en train de vous approprier tous les mérites?
– Non. La réalisation de ces nouveaux espaces sera une œuvre collective. A la tête du département planificateur de l’Aménagement, je veille à ce que les espaces publics et les espaces verts se taillent une place de choix, tant en termes d’accessibilité que de qualité.