Attente devant le Bureau des autos: la grogne monte

  • Lutte contre le Covid-19 oblige, des clients poireautent à l’extérieur de l’Office cantonal des véhicules (OCV).
  • Absence d’installations de protection, cagnard, pluies et vent mettent nerfs et organismes à rude épreuve.
  • L’Etat rassure et rappelle qu’il n’est pas nécessaire de se déplacer pour obtenir une prestation. Notre dossier.

  • Au Bureau des autos, la longue file d’attente en extérieur est devenue la norme. STÉPHANE CHOLLET

  • Au Bureau des autos, la longue file d’attente en extérieur est devenue la norme.  En médaillon, Didier Leibzig, directeur de l’Office cantonal des véhicules. DR

    STÉPHANE CHOLLET

«On ne peut pas accepter plus d’une quarantaine de personnes à la fois dans nos locaux »

Didier Leibzig, directeur de l’Office cantonal des véhicules

«Du béton, du goudron, près de 30°c et bien souvent une voire deux heures de queue en plein cagnard... En ce moment, au nom de la lutte contre le Covid-19, c’est le grand n’importe quoi à l’Office cantonal des véhicules!» Ce garagiste genevois, habitué des lieux, est furax. Le quadra explique avoir vu dans sa file une dame en surpoids se trouvant mal à cause de la chaleur. Pour lui, «traiter ses clients de la sorte est indigne, surtout pour une organisation étatique qui est en position de monopole!»

Agents pour calmer les esprits

Nombre de ses collègues sont remontés aussi. «Et quand il se mettra à pleuvoir des cordes ou à geler, on devra toujours poireauter dehors? C’est plus le service des autos, c’est le sévice des autos!» peste l’un d’eux.

«Effectivement, le confort n’est pas optimum», reconnaît d’emblée Didier Leibzig, directeur général de l’Office cantonal des véhicules (OCV). «Mais pour respecter les mesures sanitaires de distanciation physique et d’hygiène, on ne peut pas accepter plus d’une quarantaine de personnes à la fois dans nos locaux à Carouge», précise-t-il.

Pourquoi dès lors ne pas installer des protections pour les nombreuses personnes obligées d’attendre à l’extérieur? «Car nous avons déjà mis en place une bonne vingtaine de procédures et investi 100’000 francs dans diverses mesures de prévention en lien avec la pandémie. Le fait de laisser tout le monde s’agglutiner à nos guichets, même masqué, aurait exposé nos collaborateurs et nos clients inutilement», répond Didier Leibzig.

Précisons que les équipes de l’OCV, appelé communément Bureau des autos, gèrent entre 800 et 1000 clients par jour. Au plus fort de la crise sanitaire, au printemps, sept hommes de la Protection civile et trois agents de sécurité (contre deux actuellement) ont été embauchés pour faire respecter les consignes, calmer les agacés et donner la priorité aux personnes vulnérables, âgées ou celles avec des poussettes.

Déplacements inutiles

Et Didier Leibzig d’insister: «Il n’est pas nécessaire de se rendre sur place pour obtenir une prestation. Seules la première demande de permis d’élève conducteur, la prise de plaques d’immatriculation spécifiques et les expertises techniques nécessitent de se déplacer physiquement. Toute autre formalité est réalisable par courrier postal ou via Internet», précise-t-il. Avant de conclure: «Certains l’ignorent et beaucoup d’autres préfèrent se déplacer pour repartir avec une situation en ordre plutôt que d’attendre quelques heures ou un jour de plus.»

Un rappel qui passe mal auprès de certains usagers réguliers. «Ces mesures provisoires, à l’efficacité discutable, sont liberticides et doivent prendre fin au plus vite. Ma crainte, c’est qu’avec le temps, elles finissent par s’imposer comme une nouvelle normalité», dénonce le témoin garagiste dont la grogne auprès des usagers coincés dans les files d’attente est de plus en plus contagieuse.