Dans quelques jours, c'est la fin du monde… pour la 183e fois, selon les calculs de l'historien français Luc Mary. Souvent pronostiquée, l'Apocalypse n'a jamais été au rendez-vous. Celle du 21 décembre 2012 semble n'en être qu'une de plus. Selon les chercheurs qui se sont penchés sur les prédictions mayas, il n'y a aucune allusion à une quelconque fin du monde, mais plutôt à la fin d'un cycle et au début d'un autre (lire ci-contre).
Coût psychologique
Malgré les explications dites rationnelles et le fait que la prédiction annoncée ne se concrétise jamais, certains y croient toujours. «D'après les recherches en psychologie sociale, le coût psychologique demandé pour renoncer à une croyance est trop élevé par rapport à une réinterprétation» explique l'anthropologue Yvan Droz. En d'autres termes, il est plus facile de croire qu'on s'est trompé dans les calculs ou que l'on a mal interprété les signes que de perdre la face socialement si la prophétie ne se réalisait pas.Spécialiste des mouvements pentecôtistes, Yvan Droz ne s'est pas penché sur le phénomène maya, mais il regrette cependant le battage médiatique et le business qui est fait tout autour du 21 décembre. «C'est purement commercial. D'un point de vue anthropologique, c'est totalement ridicule», estime-t-il.Sont-ils vraiment nombreux, les Suisses, à se préparer à la catastrophe totale? «Difficile à dire. Les millénaristes sont généralement des fidèles, des fondamentalistes exclusivistes qui abandonnent un certain nombre de relations sociales en rejoignant le mouvement.»
Survivaliste… pas millénariste
Des médias en auraient trouvé un. Il serait Genevois et aurait construit un bunker en attendant le Jour J... «Oui, je me prépare mais pas à la fin du monde dont vous parlez!», lance Piero San Giorgio en éclatant de rire. S'il croit à la fin du monde, c'est avant tout à celui tel qu'on le connaît économiquement. Il en a du reste fait un livre Survivre à l'effondrement économique qui s'est déjà vendu à plus de 20'000 exemplaires. La fin du monde, celle du 21 décembre, le fait bien rire: «J'ai une séance de dédicace de mon prochain livre ñ Rues Barbares: survivre en ville ñ prévue pour le 22 décembre à Genève, c'est dire si j'y crois!», lance celui qui regrette toutefois que le mouvement auquel il croit, le survivalisme, soit souvent confondu avec le millénarisme.«Les gens font l'amalgame et les médias ont tendance à vouloir nous dépeindre comme des fous», regrette celui qui prône une approche équilibrée du survivalisme. Il évoque alors la fragilité économique actuelle, la pénurie énergétique à venir qui débouchera sur une crise politique et une récession majeure, aux flux migratoires qui en découleront. Intarissable sur le sujet, Piero San Giorgio s'arrête cependant et lance.