Femmes agressées: de 5 à 13 ans requis contre les cinq prévenus

Le procureur a prononcé, mercredi en fin de matinée à Thonon, son réquisitoire à l'encontre des agresseurs présumés des cinq femmes, place des Trois-Perdrix, à Genève, le 8 août 2018.

  • Les femmes avaient été violemment agressées au-dessus de la place des Trois-Perdrix, à Genève, le 8 août 2018. FRANCIS HALLER

  • L'entrée de la salle d'audience du Tribunal correctionnel de Thonon. MARIE PRIEUR

C'est en fin de matinée mercredi que le procureur tombe le masque. Devant le Tribunal correctionnel de Thonon, en Haute-Savoie, Etienne Moreau prononce son réquisitoire. Il demande aux juges de condamner les cinq prévenus à des peines allant de 5 à 13 ans de prison. A ses yeux, la culpabilité des cinq jeunes Haut-Savoyards, âgés de 22 à 25 ans, ne fait aucun doute. Ils ont, en réunion, agressé violemment cinq femmes, place des Trois-Perdrix, à Genève, le 8 août 2018. 

En introduction de ses réquisitions, il rappelle les paroles du prévenu aux béquilles: «Ces gars-là, sous alcool, quand ils ont commencé, ils ne savent pas s'arrêter.» Le procureur reprend ce «pourquoi?» martelé par les victimes durant la première journée d'audience mardi 19 mai. «Leur réponse, c'est pourquoi pas! Parce que c'était facile. Parce qu'ils pouvaient le faire», assène Etienne Moreau. 

Evoquant les témoignages poignants des victimes et leurs séquelles, il reprend la phrase de l'une d'elles. «Je ne me suis pas vu mourir, je savais que j'allais mourir.»  

«Excusez-vous! Reconnaissez les faits! Soyez des hommes!»

Avant le réquisitoire, au début de cette seconde journée d'audience, la parole était aux avocats des parties civiles. A commencer par Me Saskia Ditisheim, qui défend la toute première victime. L'avocate salue le courage de sa cliente. «Elle m'a dit: «Si je viens, c'est pour dire merci. Merci à celles qui, elle en est convaincue, lui ont sauvé la vie.» L'avocate décrit le comportement «désincarné» des prévenus. «On a de la peine à trouver des émotions chez ces jeunes gens.» 

Me Ditisheim évoque «ce déferlement de violence sexiste, qui dépasse toute compréhension» et rappelle que «tout Genève a été sidéré». L'avocate conclut par un appel aux prévenus: «Excusez-vous! Reconnaissez les faits! Soyez des hommes!» 

«Coup de sifflet, penalty!» 

Toujours au nom des parties civiles, Me Patrice Reviron prend le relais. Il s'attache notamment à demontrer qu'il a bien eu usage d'une arme. «Les chaussures dans ce dossier sont à considérer comme telle.» 

Vient le tour de Me Robert Assaël. «Coup de sifflet, penalty!» entame le pénaliste en référence au coup de pied dans la tête d'une victime. Il raconte que, pour sa part, il n'oubliera jamais la trace de la semelle de chaussure sur la joue de l'une des victimes. Et fustige la «lâcheté machiste» des agresseurs, qui ne fuient et ne reconnaissent rien. Face à cela, «il y a la culpabilité que ressentent les victimes. C'est le monde à l'envers», poursuit-il. 

L'audience reprend à 14h avec les plaidoiries des cinq avocats de la défense. Le délibéré est attendu dans la soirée.