«Fière de mes poils»

- De plus en plus de femmes renoncent à l’épilation.
- Une tendance qui ne surprend pas les spécialistes.
- Des Genevoises racontent leur émancipation à rebrousse-poil.

  • Les endroits les plus ciblés restent les aisselles et le pubis. DR

    Les endroits les plus ciblés restent les aisselles et le pubis. DR

«Dans certains pays, les poils sont considérés comme un atout de beauté chez les femmes»

Dr Xavier Tenorio, spécialiste de l’épilation et des implants capillaires

«Mon nouveau copain adore les poils! Il les trouve très excitants», confie Céline, une Genevoise de 27 ans. Nouvelle adepte de la pilosité intégrale, cette jeune maman avoue avoir renoncé au rasoir par amour. «Je n’arrive pas à faire pousser mes poils autant que j’aimerais, j’ai à peine un petit duvet, mais ça fait quand même plus naturel, plus femme, au goût de mon ami», précise-t-elle. Céline n’est pas la seule à ne plus vouloir s’épiler.

Lutte féministe

«Les hommes me demandent souvent pourquoi mon sexe est poilu, confie de son côté Maria, trentenaire et célibataire. «Certains adorent, d’autres détestent. Moi, j’aime et c’est ce qui compte». Un retour au naturel dont Marine a fait carrément une lutte pour la cause féminine. «A Genève comme ailleurs, le modèle pornographique du corps féminin entièrement épilé impose son diktat aux femmes. Il s’agit d’une tendance misogyne et dérangeante. Qu’est-ce qu’il y a d’attirant chez une femme qui s’est fait un pubis de préadolescente?», interroge-t-elle.

Phénomène de mode

Rejet des normes établies, militantisme ou préférence esthétique… de plus en plus de femmes revalorisent leur pilosité. Une tendance qui ne surprend pas le docteur Xavier Tenorio, spécialiste de l’épilation et des implants capillaires à Genève. «Il s’agit d’un phénomène de mode, assure-t-il. Avant de nuancer: Les corps féminins sans poils restent malgré tout la norme. Les endroits les plus ciblés sont le pubis et les aisselles.»

Poils recherchés

Le retour en grâce de la pilosité féminine serait-il également lié à des questions de sensualité, voire d’érotisme? «Dans certains pays, par exemple à Cuba, les poils sont considérés comme un atout de beauté chez les femmes. Les hommes en raffolent», rappelle le Dr Tenorio.

Plus près de nos latitudes, la recherche de la touffe fait déjà les beaux jours des sites locaux de rencontres érotiques. «Je suis un homme désireux de rencontrer une femme qui n’aime pas se raser le sexe et qui considère que les poils ont toute leur raison d’être, indique ainsi un internaute sur un important site de petites annonces. «Nous sommes un couple, qui cherche une femme sympa très poilue et naturelle pour des rapports à trois», publie de son côté un autre annonceur sur un site concurrent.

Résistance féminine

Preuve sans doute que là où il y a du poil, il peut y avoir du plaisir. Et, surtout, que la résistance féminine contre la dictature de l’épilation méthodique s’organise. Une manière pour certaines femmes de s’émanciper en prenant les hommes, l’industrie cosmétique et la société à rebrousse-poil.

Mâles alpha: poils en chute libre

SZ • A l’inverse des femmes, les hommes délaissent leurs poils. «Chaque année, j’ai 30% de clients masculins en plus. Ils veulent tous un corps sans poils», informe le Docteur Xavier Tenorio, spécialiste de l’épilation et des implants capillaires, à Genève.

Longtemps associée à la virilité, la pilosité masculine est désormais en chute libre. Si les cyclistes et les nageurs de haut niveau se rasent pour des raisons évidentes de confort et de performance sportive, «une peau lisse et dépourvue de poils est désormais associée à la jeunesse, une préoccupation capitale dans notre société», note le Docteur Tenorio.

A Genève, l’ouverture de nouveaux centres spécialisés dans l’épilation masculine met en lumière cette tendance esthétique.