Genève traque la vente illicite d'alcool

- Le Service du commerce s'attaque aux ventes d'alcool dans les shops après 21h.
- La Ville de Genève attend depuis 2 ans que la loi cantonale soit modifiée pour punir les récidivistes.
- Le maire Rémy Pagani en personne a débusqué un trafic dans les petites épiceries. Il témoigne.

  • De nombreux jeunes achètent de l'acool dans des shops et viennent se greffer aux clients des bars de la ville.

    De nombreux jeunes achètent de l'acool dans des shops et viennent se greffer aux clients des bars de la ville.

Le bruit, l'alcool. Voilà les deux fléaux qui mettent Genève sens dessus dessous depuis quinze jours. Ce sont en effet ces deux nuisances qui ont conduit le Service du commerce (Scom) à refuser des prolongations d'ouvertures au-delà de minuit à une trentaine de bars installés dans les quartiers les plus populaires du Canton. Des mesures qui ne sont en réalité que le début d'une série de sanctions punitives!

Dépanneurs dans le collimateur

«Après les bars bruyants, nous allons surveiller les ventes d'alcool auprès des dépanneurs, ces petites épiceries autorisées à vendre de l'alcool jusqu'à 21 heures», confirme Jean Genolet, directeur du Service du commerce. Il annonce également dans la foulée d'autres mesures: «Les 198 établissements publics autorisés à vendre de l'alcool à l'emporter sur le millier que compte le canton, feront aussi l'objet d'une surveillance. Cela fait partie de notre travail», poursuit-il sans rien révéler d'autre de sa stratégie. Le cadre fait probablement allusion à la loi sur le débit des boissons, actuellement en révision et qui va être débattue par le Parlement d'ici à la fin de l'année.

Beuverie sur le trottoir

La trentaine de patrons sommés de fermer plus tôt leurs bistrots estime pour sa part qu'il y a une totale injustice face à l'impunité des dépanneurs récidivistes: «Dans la majorité des cas, les nuisances nocturnes sont occasionnées par des jeunes qui vont acheter leur alcool chez ces épiciers!» s'indigne un cafetier de la rue l'Ecole-de-Médecine, une des plus touchées par ces fermetures avancées des bars. «Ils viennent se greffer aux gens qui fument sur le trottoir, s'installent à deux mètres de nos bars, et finalement, l'Etat nous punit nous! Je suis outré.»

Où sortir ?

Et Laurent Terlinchamp, président de la Société des cafetiers d'appuyer: «Ces fermetures anticipées démontrent de la problématique pour les jeunes d'avoir des lieux où sortir. Les consommations étant chères, les jeunes se procurent de l'alcool dans des supermarchés, il n'y a rien de nouveau. Mais lorsqu'ils sont ivres dans la rue en ville, l'alcool appelant l'alcool, ils se ruent ensuite chez des dépanneurs…» Et de relativiser: «Il n'y a pas de problème de nuisances sonores à Genève. Il y a des rues qui posent des problèmes de nuisances sonores. Mais il est aussi anormal que des parents autorisent leurs enfants mineurs à se saouler jusqu'au coma éthylique!»

Chuchoteurs

Ainsi, depuis une semaine, c'est le branle-bas de combat pour les patrons de bars. Et notamment ceux sanctionnés. Certains ont engagé des chuchoteurs, d'autres des services de sécurité interne. «Mais en réalité, chuchoter aux oreilles des ivrognes, ce n'est pas vraiment la solution. Il faudrait plutôt que la police surveille les ventes d'alcool illégales», analyse un habitant de Plainpalais, qui assiste tous les week-ends à des trafics d'alcool (lire ci-dessous) en toute impunité. La prohibition guetterait-elle Genève?