Invasion de punaises diaboliques à Genève

  • Cet automne, de nombreux logements sont envahis par ces punaises, aussi appelées marbrées.
  • Venues d’Asie, elles se réfugient dans nos foyers dès les premiers jours de froid.
  • Des résidents sont inquiets. Elles sont inoffensives pour l’homme. Mais causent des dégâts aux végétaux. Comment s’en débarrasser?

  • Des punaises marbrées retrouvées sur un balcon aux Charmilles. DR

    Des punaises marbrées retrouvées sur un balcon aux Charmilles. DR

«Cet insecte n’est pas un prédateur. Il entre dans les habitations uniquement pour se réchauffer et meurt naturellement»

Dominique Fleury, spécialiste à la Direction générale de l’agriculture et de la nature.

Une invasion de punaises diaboliques se répand dans tout le canton depuis une quinzaine de jours. Au point d’inquiéter de très nombreux Genevois. «Ces bestioles débarquent par colonies dans nos habitations et jardins», témoigne, choquée, une habitante de Lully. «Elles sont très bruyantes et dégagent une odeur pestilentielle lorsqu’on les tue», renchérit un résident de Perly. «J’espère qu’on ne va pas attraper des maladies», se soucient d’autres habitants de Troinex, Champel, Charmilles ou Plainpalais où le phénomène a également été constaté.

Face à cette invasion, des locataires ont aussitôt alerté leurs régies, la Direction générale de l’agriculture et de la nature (DGAN), des agronomes de la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève (Hepia).

Elle arrive dans vos bagages!

«Effectivement, nous recevons énormément de témoignages d’habitants surpris par l’ampleur du phénomène», confirme la professeure Sophie Rochefort, responsable de la filière agronomique à l’Hepia. Elle explique que la punaise diabolique, appelée communément marbrée (Halyomorpha halys), est originaire d’Asie. Elle arrive via les importations de marchandises à l’aéroport, également dans les bagages des voyageurs ou les Ports Francs. «Son apparition en Suisse date de 2007. A Genève, elle a été observée dix ans plus tard. Les gens la ramènent involontairement chez eux lorsqu’ils rentrent d’un voyage en avion, en train, en bateau ou en voiture.»

Au Département du territoire (DT), Dominique Fleury, spécialiste en production agricole et en protection des cultures au Service de l’agronomie à la DGAN, explique les raisons de ces invasions. «Ces insectes se propagent en automne lors de la baisse de température. Ils cherchent des abris au chaud pour passer l’hiver.»

Dès lors, faut-il craindre une propagation dans les habitations? «Non, la punaise marbrée ne se reproduit pas en automne, rassurent les spécialistes. Par ailleurs, c’est un insecte qui vole et se disperse naturellement mais assez lentement.» Pour s’en débarrasser immédiatement, la professeure de l’Hepia conseille «de les aspirer ou de les capturer et les jeter à la poubelle ou dans les WC (lire encadré ci-dessous).»

Pas de danger pour la santé

Dominique Fleury affirme aussi que l’actuelle invasion massive ne présente aucun danger pour la santé: «La punaise diabolique n’est pas un prédateur. Elle entre dans les habitations uniquement pour se réchauffer et meurt finalement naturellement.» Ce que corrobore Gottlieb Dandliker, inspecteur cantonal de la faune au DT: «Malgré quelques cas d’allergies signalés aux Etats-Unis, la punaise diabolique est tout à fait inoffensive pour l’homme et les animaux. Elle est phytophage (ndlr: se nourrit d’organismes végétaux) et ne cause des dégâts qu’aux cultures, arbres et végétaux d’ornement.»

Pour conclure, les spécialistes rappellent que la punaise diabolique continuera à élire domicile dans nos foyers tant que les voyageurs ne vérifieront pas leurs bagages, plantes et voitures: «Malheureusement, il n’est plus possible d’éradiquer la punaise diabolique, car elle apprécie notre climat et notre environnement», constatent-ils. Quelle diablesse cette petite bête!

Comment s'en débarrasser

En cas d’invasion de punaises diaboliques dans sa maison, il convient d’adopter les bons gestes suivants, selon les agronomes de la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève (Hepia) et du Département du territoire (DT):

• Garder son calme. Malgré sa taille et son nom, l’insecte ne présente pas de danger. Il entre dans les maisons uniquement pour hiverner.

• Il n’est pas nécessaire d’utiliser des insecticides. Un traitement tuera les punaises présentes mais n’empêchera pas l’entrée de nouveaux arrivants. Un traitement insecticide présente plus de risque pour la santé qu’une invasion.

• Le plus simple est d’aspirer les insectes à l’aide d’un aspirateur. Ils peuvent être ensuite éliminés avec les déchets ou tués en les noyant ou en brûlant les sacs.

• Il n’existe pas de moyen préventif pour empêcher une invasion. Fermer les fenêtres. Le mieux est d’installer des moustiquaires.

Espèce ravageuse

La punaise marbrée est devenue un vrai casse-tête agronomique à Genève depuis 2017. «Cette ravageuse a été observée en recrudescence aux parcs Beaulieu et Trembley, note Sophie Rochefort, professeure à la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève (Hepia). Elle s’installe sur les arbres fruitiers, le raisin et certains légumes. Elle fait aussi des ravages sur le maïs, le soja et le tournesol, ainsi que sur les arbres, tels que le frêne, le noisetier, le saule et l’érable.»