INTERVIEW • «Je suis pour le tourisme spatial en général, c’est une manière d’offrir la possibilité à des non-astronautes professionnels de vivre quelques-unes des extraordinaires sensations d’un vol spatial», explique d’emblée l’astrophysicien vaudois Claude Nicollier, seul Suisse à être allé dans l’espace. Qui poursuit: «Ceci dit, les vols spatiaux pour touristes prévus ces prochaines années ne sont pas de véritables voyages dans l’espace. Le profil de mission est de monter pratiquement à la verticale avec un lanceur ou un avion spatial, juste dépasser les 100 km d’altitude avec environ quatre minutes d’apesanteur, puis redescendre sur Terre. Il s’agit plutôt d’une traversée de la très haute atmosphère et d’une brève excursion au-delà de la frontière de l’espace! La montée sera impressionnante, la vue sera belle avec ciel noir en plein jour et nette perception de la rotondité de la Terre, et les quatre minutes d’apesanteur seront une magnifique découverte sensorielle, mais plutôt brève…»
Reste à savoir si les passagers de pareils vols deviendront des astronautes? «Je ne sais pas, et je suis sûr qu’il y aura des discussions passionnées sur ce sujet», répond Claude Nicollier. Avant de préciser: «Pour moi, et avec tout le respect que j’ai pour ceux qui tenteront l’aventure, ils ne seront pas vraiment des astronautes au sens propre, mais plutôt ce que l’on désigne en anglais sous le nom de spaceflight participants.»
«Savoir rester humble»
Que leur recommanderiez-vous? «De se faire plaisir, de ramener beaucoup de photos (et pas seulement des selfies), de contribuer à promouvoir la valeur des vols spatiaux habités et de partager leurs émotions avec leurs proches, le public et avec les enfants! Il est aussi important de rester humble après une pareille expérience. Les très grands cosmonautes-astronautes comme Youri Gagarine et Neil Armstrong étaient impressionnants par leur humilité.»