«L’année de mairie sera centrée sur la solidarité»

  • Depuis le 1er juin, Sami Kanaan est le maire de la Ville de Genève. Il entame cette législature avec quatre nouveaux collègues.
  • Une situation inédite. Le défi pour le magistrat socialiste sera de surmonter la crise économique et sociale de l’après-coronavirus.
  • Chef du Département de la culture, il détaille les enjeux colossaux dans ce secteur. Interview.

  • Sami Kanaan: «On doit aider la population

    Sami Kanaan: «On doit aider la population

«Les défis à long terme sont l’urgence climatique et la lutte contre les inégalités sociales»

Sami Kanaan, maire de Genève

Seul sortant, Sami Kanaan est l’«ancien» du nouvel exécutif de la Ville de Genève qui a officiellement entamé son mandat lundi 1er juin. C’est donc naturellement que le conseiller administratif chargé de la Culture endosse le rôle de maire. Il détaille les enjeux à venir.

GHI: En tant que nouveau maire, vous allez prononcer le discours de législature le mercredi 3 juin, quel est le message essentiel?
Sami Kanaan:
Comment surmonter dans les mois à venir la crise économique et sociale qui suit la crise sanitaire du Covid-19. Toutefois, cet enjeu ne doit pas faire oublier les défis à long terme que sont l’urgence climatique et la lutte contre les inégalités sociales.

– Quel sera du coup le thème de l’année de mairie?
– Ce sera la solidarité. La crise Covid-19 marque de son empreinte la transition entre les deux exécutifs ainsi que le début de la nouvelle législature. L’année de mairie vise donc à démarrer le mieux possible avec le nouveau collège et à se mettre rapidement au travail. Au-delà des questions économiques, nous venons de traverser une période de secousses pour les actifs, les seniors, les parents, les enfants. Il y a eu aussi de magnifiques élans de solidarité. Nous avons besoin de nous serrer les coudes.

– Quel est le rôle de la Municipalité dans tout ça?
–  On doit aider la population à surmonter une forme de traumatisme. La sortie de crise est presque plus complexe que l’entrée. On sort du semi-confinement avec des enjeux matériels mais aussi sociaux voire psychologiques. On doit retrouver des moments de convivialité, de vie commune.

– En somme, la priorité c’est de sortir de la crise du Covid-19?
Oui. Mais pas que. Comme je l’ai dit, la transition écologique est l’un des enjeux clés. L’ancien Conseil administratif avait élaboré une stratégie climat visant à réduire de 60% les émissions de CO2 pour notre territoire d’ici à 2030 afin de répondre à l’urgence climatique décrétée par le Conseil municipal en mai 2019. Ce plan va nous servir de base de travail pour la suite.

– Pas le temps de se reposer… Pourtant, la législature précédente n’a pas été un long fleuve tranquille…
– C’est vrai. Elle a débuté de façon difficile avec les coupes budgétaires proposées par la droite, notamment dans la culture, heureusement combattues avec succès grâce aux référendums. Et puis, il y a eu l’affaire des notes de frais, alors que j’étais maire. Une affaire qui aura obscurci le fait que le collège a un bilan plus que respectable. Ensuite, lors de la campagne, en tant que seul sortant, j’ai subi les attaques de l’opposition politique, ce qui ne m’a pas empêché d’être le mieux élu. Enfin, il y a eu la crise Covid-19, dont il faut maintenant gérer les suites sur le plan social et économique.

– A croire que vous portez la poisse, non?
– Je préfère penser que j’assume mes responsabilités et suis là où il faut quand il le faut (sourire).

– Après toutes ces péripéties, êtes-vous content de changer de partenaires de jeu?
– Je suis content de découvrir une nouvelle équipe, d’avoir le regard neuf de mes quatre collègues. Comme je suis le seul ancien, ils me demandent souvent comment faire. Ma réponse est toujours la même: on ne doit pas forcément faire comme on faisait avant.

– Et dans la culture, qui reste sous votre égide, doit-on faire comme avant?
– Les enjeux à court terme sont colossaux. Le domaine culturel est l’un des premiers à avoir subi les effets de la crise et l’un des derniers à en sortir. Je souhaite mettre en place rapidement une réflexion sur les solutions à construire ensemble. Les directives et les plans de protection impliquent des restrictions fortes, imposant de repenser les formats. Les gros événements vont se décliner en une multitude de petits. Le Théâtre estival de l’Orangerie, soutenu par la Ville, a servi de laboratoire.

– Quid des revenus des artistes et des intermittents?
– Tout d’abord, je tiens à rappeler que la Ville a annoncé tout de suite le maintien des subventions culturelles. Ce qui a été accueilli avec soulagement. Maintenant, on doit contribuer à proposer du travail aux artistes et une offre culturelle aux Genevois (lire encadré). Quant au statut d’intermittent, la crise Covid-19 a confirmé à quel point il était précaire. Les mécanismes mis en place pour les artistes mais aussi pour tous les gens qui travaillent dans le son, la lumière, se sont révélés insuffisants. On doit y remédier.

– Autre enjeu majeur dans la culture, celui de la transition numérique. Où en est-on?
– Je n’aborde pas la thématique en geek mais en citoyen qui se rend compte de son importance. Cette crise nous aura encore plus démontré l’importance d’un cadre éthique, transparent et écologique pour les outils numériques. Il s’agit de faciliter la vie des usagers mais aussi de faire de la pédagogie pour le grand public. Quant au domaine culturel, il a démontré avec la crise sa capacité d’innovation dans le numérique, mais aussi que rien ne remplace un vrai concert ou une pièce de théâtre jouée devant un public.

– Comment se présente l’été genevois?
– On a dû annuler les gros événements tels que la Fête de la musique, la Nuit de la science et les concerts de Musique en été. Je souhaite proposer aux Genevois une nouvelle offre culturelle, d’autant plus que beaucoup vont rester à Genève. On travaille sur une programmation d’événements multiples et sur un appel à projets. Il sera lancé dans les jours à venir. On peut imaginer une multitude de petits formats ou des animations surprises. On attend les idées des artistes!
 
– Avec quel financement?
– L’argent économisé suite aux annulations va être réaffecté dans ces projets. Il s’agit de plusieurs centaines de milliers de francs.
 
– Et le 1er Août?
– Impossible de le maintenir sous sa forme actuelle. On ne peut pas non plus limiter à 300 ni même à 1000 le nombre d’entrées au parc La Grange. On travaille donc sur un 1er Août multiforme. Sur plusieurs lieux ou sur plusieurs jours. Cela reste à définir.