«Le Léman Express bouleversera nos vies»

  • Le conseiller d’Etat Serge Dal Busco se réjouit de l’arrivée du RER transfrontalier en décembre prochain.
  • La nouvelle ligne ferroviaire devrait permettre de diminuer le trafic motorisé à Genève.
  • Peut-on espérer la fin de la paralysie du centre-ville aux heures de pointe? Interview.

  • Pour Serge Dal Busco, «le trafic automobile pendulaire devrait fortement diminuer». DR

    Pour Serge Dal Busco, «le trafic automobile pendulaire devrait fortement diminuer». DR

«La mobilité est un facteur essentiel de notre prospérité économique et de notre bien-vivre commun»

Serge Dal Busco, conseiller d’Etat en charge du Département des infrastructures

Fluidifier le trafic en Ville de Genève, c’est l’une des principales missions de Serge Dal Busco, conseiller d’Etat en charge du Département des infrastructures. Il nous livre sa recette.

GHI: Le Léman Express sera inauguré le 15 décembre prochain, qu’est-ce qui va changer dans la vie des Genevois?

Serge Dal Busco: Tout va changer! Avec ses 230 km de rails et ses 45 gares, ce réseau RER transfrontalier va bouleverser les habitudes de déplacement. Je m’attends à un grand succès dès sa mise en service. Grâce aux mesures d’accompagnement que nous mettons en place au niveau des connexions Transports publics genevois (TPG), des parkings relais, du stationnement en ville ou de la mobilité douce, le trafic automobile pendulaire devrait fortement diminuer. Nous sommes à un véritable tournant, je crois que passablement de gens ne l’ont pas encore vraiment réalisé!

– Il faut aussi les comprendre, les conseillers d’Etat se succèdent, mais le constat reste le même, les embouteillages n’en finissent pas à Genève. Pourquoi cet immobilisme?

– Pendant longtemps, les nécessaires réformes pour apaiser la circulation se sont heurtées à des blocages. La mobilité a été vue comme un thème idéologique. Nous nous sommes perdus en débats stériles. Chaque type d’usager était opposé aux autres, chacun se retranchait derrière des postures, et la situation ne faisait qu’empirer. Mon message, c’est que les choses sont en train de changer fondamentalement. Je dis que la mobilité est un facteur essentiel de notre prospérité économique et de notre bien-vivre commun. Je crois que notre société est prête à prendre enfin les virages que tant d’autres villes, en Suisse ou à l’étranger, ont su négocier avec succès.

– Quel est votre plan pour fluidifier la circulation dans le canton?

– J’ai une feuille de route, qui s’appuie sur la loi pour une mobilité cohérente et équilibrée, largement approuvée par le peuple. Je suis déterminé à l’appliquer. En bref, il s’agit de prioriser la mobilité douce et les transports publics dans les centres et de créer en contrepartie des axes routiers stratégiques et une ceinture intérieure fluide pour que les voitures puissent passer d’un quartier à un autre. Cela inclut la fluidification du contournement de la Rade, pour les voitures comme pour les vélos.

– Comment se déplacera-t-on à Genève en 2030?

– Le transport en commun sera au centre de nos déplacements, au plan local, régional et interrégional. La multimodalité sera la norme: chacun utilisera toutes sortes de moyens en fonction de ses déplacements, souvent dans une même journée. La mobilité douce sera la règle dans le centre et les déplacements à pied seront encore plus fréquents dans un environnement urbain agréable et apaisé. La voiture du futur, largement autonome et à émissions de CO2 très réduites, restera utile, notamment pour les loisirs et pour les usages professionnels.

Les habitudes de mobilité évoluent

Les statistiques démontrent que les manières de se déplacer évoluent depuis plus d’une dizaine d’années. Et l’automobile semble perdre du terrain. En 2017, le nombre de voitures de tourisme (222’671) a baissé de 0,01% à Genève, selon l’Office cantonal des véhicules. Ce que confirme le conseiller d’Etat Serge Dal Busco: «La proportion des détenteurs de permis de conduire diminue dans les centres et parmi les jeunes générations. La part des déplacements à pied progresse fortement, et les comportements tendent déjà à devenir multimodaux. On voit aussi que dès qu’il existe de nouvelles alternatives efficaces à la voiture, elles sont largement utilisées. L’arrivée du Léman Express répond donc à une véritable attente.»