Le Léman Express sous haute surveillance

  • Dimanche 15 décembre, l’infrastructure ferroviaire entrera en fonction. L’enjeu majeur, c’est la sécurité.
  • Un dispositif franco-suisse a été mis en place pour lutter contre la délinquance transfrontalière.
  • Annemasse et la France voisine misent notamment sur l’installation de caméras dans les rames et les gares.

  • La police des transports en pleine action à Cornavin. STEPHANE CHOLLET

    La police des transports en pleine action à Cornavin. STÉPHANE CHOLLET

  • STÉPHANE CHOLLET

    STÉPHANE CHOLLET

«La sécurité a été intégrée comme paramètre de base du projet»

Laurent Gavillet, chef de la police des transports

Des centaines de caméras sur tout le réseau, des patrouilles mixtes franco-suisses et même un poste doté d’une cellule dans la nouvelle gare des Eaux-Vives. De part et d’autre de la frontière, le dispositif sécuritaire est fin prêt. Dimanche 15 décembre, au moment de la mise en service du Léman Express, il entrera lui aussi en fonction.

En matière de sécurité, pas question en effet de prendre le train en marche, tout est analysé et discuté depuis belle lurette. Comme le souligne le capitaine Laurent Gavillet, chef de la Police des transports: «Dès le début du projet, nous nous sommes réunis avec les corps de police français. Ainsi est née, il y a quatre ans, la plate-forme transfrontalière mensuelle.» Elle réunit les acteurs de terrain et s’occupe de mettre en pratique la volonté politique. Celle que définit le comité de sécurité binationale coprésidé par le préfet, représentant l’Etat français, et pour Genève, le conseiller d’Etat chargé du Département de la sécurité, de l’emploi et de la santé (DSES), Mauro Poggia.

Patrouilles mixtes

«Nous avons eu l’opportunité énorme d’agir en amont, de travailler sur une page blanche, insiste le capitaine Gavillet. La sécurité a été intégrée comme paramètre de base du projet et dès le départ en coordination avec les Français. Ce système sécuritaire est un exemple!»

Concrètement, une fois le concept global de sécurité défini, il a fallu procéder à une analyse du risque. D’où la nécessité de tout savoir sur l’infrastructure et le matériel roulant. Ils sont 80 agents de terrain de différents corps de police (Police des transports, Police cantonale de Genève, Corps des garde-frontières) à connaître sur le bout des doigts le Flirt (les rames suisses) et le Régiolis (celles françaises).

Autre outil développé dans le cadre du Léman Express: les patrouilles mixtes. En janvier 2014 naissait la première Brigade opérationnelle mixte (BOM) ou brigade Minerve. A l’époque, ce renforcement des accords de Paris apparaît comme une incroyable avancée en matière de sécurité transfrontalière. «Le virage a vraiment été pris aujourd’hui. On travaille dans les mêmes locaux, sur des opérations communes et on met en place des patrouilles mixtes╗», souligne Laurent Gavillet. Des garde-frontières avec des policiers français ou encore des agents de la Police des transports avec des douaniers français. «Tout est mixable! lance le capitaine. Et nous procédons à des échanges d’informations en direct.»

Des rames équipées de caméras

Pour lutter efficacement contre la délinquance transfrontalière, reste à collecter ces précieuses informations. Car les patrouilles ne peuvent pas avoir des yeux partout. La vidéo leur vient en aide. «Côté suisse, toutes les rames du trafic régional sont équipées de caméras depuis une dizaine d’années, stipule le chef de la Police des transports. Il s’agit de vidéoprotection. Les images ne sont pas visionnées en direct mais enregistrées.» Et d’ajouter: «Si quelqu’un appuie sur le bouton d’urgence, une série de photos est transmise, permettant de savoir qui a appuyé et quel est le problème.»

Dans les rames françaises, l’apparition des caméras est une première. «En dehors de l’Ile-de-France, jamais aucune ligne n’avait bénéficié de cet équipement. Nous avons dû demander une autorisation spéciale», commente Martial Saddier, conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes. Une dérogation qui pourrait servir de test pour un développement d’ampleur nationale. «Les CFF et la SNCF réfléchissent ensemble à la mise en place de la vidéo live, afin de permettre une analyse en direct, détaille le capitaine Gavillet. Cela dépendra aussi du développement de la 5G.»

Les caméras se sont aussi multipliées sur les quais, les parvis et dans les gares. Coté romand, inutile de chercher à savoir combien et où. Laurent Gavillet se contente d’indiquer que chaque station du Léman Express en est équipée. Les images sont scrutées vingt-quatre heures sur vingt-quatre par un agent à la centrale de sécurité située à Genève Aéroport. Là encore, impossible de pénétrer dans cet antre. Question de sécurité.

Gares françaises: 220 caméras

Côté français, on se targue d’avoir disposé ou programmé d’ici à 2021, 220 caméras de surveillance dans les gares. Les images sont, là aussi, visionnées vingt-quatre heures sur vingt-quatre à la centrale de Lyon: Mais aussi, dès le début de l’année 2020 au futur hôtel de police d’Annemasse. «Si un geste est commis par un délinquant sur le quai à Reignier ou à La Roche-sur-Foron, les agents seront alertés et pourront intercepter le fautif à la gare suivante», stipule Martial Saddier. Une coordination qui fonctionnera aussi si le délinquant est, entre-temps, passé de l’autre côté de la frontière.

«On pourra par exemple l’arrêter à la gare des Eaux-Vives», poursuit Laurent Gavillet. Cette nouvelle gare dispose d’ailleurs d’un poste flambant neuf qui abrite la Police des transports, la police cantonale mais aussi les garde-frontières. Sur place, les agents disposent du système informatique RIPOL (soit le système de recherches informatisées de la Confédération), d’un espace pour permettre la fouille et le contrôle et même d’une cellule.

Voir la vidéo sur le Léman Express sur www.ghi.ch

En chiffres

• 50’000 voyageurs par jour, sur cinq lignes depuis Coppet, Evian, Bellegarde, Annecy et Saint-Gervais. 45 stations genevoises, françaises et vaudoises

• 230 km de voies ferrées dont les 16 km du CEVA

• Un projet qui remonte à 1881