Le tsunami Amazon menace les commerçants

  • L’arrivée en Suisse du géant américain du e-commerce est imminente.
  • Ce qui va changer? Des livraisons en vingt-quatre heures et un assortiment élargi.
  • Pour espérer survivre, les petits commerces misent sur la différenciation et l’accueil. Notre dossier.

  • L’ouverture de l’antenne suisse d’Amazon va redistribuer les cartes du commerce genevois. DR

    L’ouverture de l’antenne suisse d’Amazon va redistribuer les cartes du commerce genevois. DR

«C’est aux clients de décider comment ils souhaitent consommer»

Sophie Dubuis, présidente de la Fédération du commerce genevois

Quand on veut commander un produit sur Amazon depuis Genève, on est automatiquement redirigé vers la version française du site. Mais c’est bientôt fini. Prochainement, le géant américain du e-commerce lancera son antenne suisse. Avec pour conséquences des livraisons ultrarapides et un catalogue nettement plus important. Ceci grâce à un accord passé avec La Poste. Ce qui fait bondir Pascal Vandenberghe, directeur général des librairies Payot: «Le géant jaune veut faciliter la vie à Amazon pour livrer plus vite en Suisse. Cela m’étonne car il s’agit tout de même d’une entreprise publique, elle devrait plutôt se préoccuper de l’économie suisse. Car le mastodonte américain ne paie pas d’impôts et ne crée aucun emploi dans notre pays.»

Une attaque balayée d’un revers de la main par Masha Foursova, porte-parole de La Poste suisse: «Il est important de préciser que le contrat avec Amazon est une relation client standard et non un accord de coopération.» Avant de préciser: «Ce ne sont pas les frais d’expédition qui motivent des achats dans le monde entier, mais les prix attractifs des produits ainsi que le large éventail en ligne des fournisseurs étrangers.»

Inquiétude relative

Du côté des petits commerçants, cette arrivée imminente est vécue de manière relativement apaisée: «Je me réjouis de l’arrivée d’Amazon car cela dynamisera le e-commerce suisse qui est un peu sclérosé, précise Paul Charmillot, fondateur de Magic Tomato, un supermarché en ligne misant sur les producteurs locaux. Je ne me fais pas de soucis pour nous car notre business model est clair et notre mission est d’amener une plus-value au client avec un service de qualité.»

Chez Payot, Pascal Vandenberghe fait aussi preuve d’un flegme à toute épreuve: «Je ne suis pas inquiet. Chez Amazon, le livre n’est plus du tout stratégique. Ils ont toujours perdu de l’argent avec la vente de bouquins et cela représente moins de 10% de leur activité. Si Amazon devait nous tuer, cela ferait longtemps que nous serions morts.»

Concurrence déloyale

Au sein de la Fédération du commerce genevois, on tend également à minimiser l’impact du raz-de-marée: «Amazon est un géant créateur de pollution et son bénéfice ne vient pas du commerce de détail où il casse les prix, rappelle sa présidente Sophie Dubuis. C’est aux clients de décider comment ils souhaitent consommer.» La présidente confirme que les commerçants genevois fourbissent leurs armes pour faire face à cette prochaine venue du leader du commerce en ligne en terres helvétiques. Comment? Grâce notamment à de nouvelles solutions numériques: «Il existe désormais une plateforme genevoise d’e-commerce, GenèveAvenue accessible sur www.geneveavenue.ch. Il s’agit d’un site permettant aux clients de commander en ligne des produits proposés par les commerçants genevois. La plateforme en est à ses débuts et c’est prometteur!»