Les agressions au spray au poivre explosent

De plus en plus de citoyens sont armés de sprays au poivre et les utilisent abusivement pour des broutilles.La police confisque près de trois sprays par mois.Que dit la législation sur l'utilisation des sprays au poivre ou lacrymogène?

  • Le spray au piovre est trop banalisé.

    Le spray au piovre est trop banalisé.

«Je n'en reviens pas. Je roulais certes avec mon vélo sur un trottoir lorsqu'un homme âgé d'une soixantaine d'années a sorti un spray de sa poche et m'a aspergé le visage!» Pascal, la cinquantaine, a eu les yeux qui lui brûlaient. Il a aussi été interloqué par ce geste violent et totalement disproportionné. Une agression caractérisée, qui malheureusement se banalise. La preuve? «J'étais au guidon de mon scooter, au feu, à l'arrêt. Soudain, l'automobiliste à côté de moi a baissé sa vitre et m'a, sans la moindre raison, aspergé en pleine figure! Heureusement que j'avais mon casque, sans quoi je n'aurais pas pu continuer à circuler!», témoigne Pierre, photographe d'une trentaine d'années.AbusPire. Fin septembre, des bombes de défense ont été utilisées massivement lors d'une rixe entre jeunes à la place des Augustins: «Nous avons d'abord pensé que c'était la police qui dispersait la meute avec du gaz lacrymogène, témoigne un adolescent. Mais non, c'était bien les jeunes qui s'affrontaient à coups de sprays!»
La police confisque
De son côté, la police confirme ce phénomène. «Nous avons deux à trois affaires par mois d'utilisation inappropriée de ces sprays», détaille Patrick Pulh, porte-parole de la police. Et de préciser: «Que ce soit pour les mineurs comme les majeurs, nous confisquons systématiquement les sprays, poursuit-il. Si une personne contrevient à la loi sur les dangers de la toxicité des produits chimiques, nous lui mettons une amende.» Patrick Pulh rappelle que le spray au poivre est avant tout une arme d'autodéfense: «Les armuriers qui en vendent doivent respecter la législation en vigueur. Ces armes sont interdites à la vente aux mineurs. Sans quoi, ils risquent l'amende autant que le mineur en possession d'une telle arme.»
Surveillance
Ces sprays au poivre sont principalement vendus dans les armureries. Un armurier de la place confie: «Oui, aujourd'hui, pour une simple broutille, une dispute sur la circulation ou un mécontentement, le spray est utilisé sans modération. Pas mal de femmes achètent des sprays pour se protéger d'une éventuelle agression. Je rappelle à mes clients que ce sont des armes de défense. Ils n'ont pas été conçus pour agresser. Je suis très stricte, et conformément à la loi, les personnes qui souhaitent en acquérir un, doivent remplir un formulaire au même titre que pour produit chimique acheté dans une droguerie.» «Je rappelle à mes clients que ces sprays sont des armes de défense. Ils n'ont pas été conçus pour agresser.»Un armurier

Ambulanciers opposés

Une étude menée l'an dernier par Swissrescue, les services suisses de sauvetages, montent qu'ils sont majoritairement opposés au port d'un spray au poivre dans le cadre de leur travail. Sur les quatre cantons interrogés (Genève, Neuchâtel, Vaud, Fribourg), les ambulanciers estiment que c'est à la police d'intervenir en cas d'agression. Seul Neuchâtel met un bémol avec 62% d'ambulanciers favorable à une telle mesure de défense.A Genève, 53% y sont farouchement opposés. Selon eux, ces sprays sont une arme, et l'image de l'ambulancier peut en être ternie. A Genève, l'enquête a été établie auprès de 15 ambulanciers.