Les resquilleurs de la pompe pullulent

- Avec des prix flirtant avec les 2 francs le litre, l'essence devient un objet de convoitise.
- Les voleurs de carburants se multiplient, surtout en fin de mois.
- La vidéosurveillance ne dissuade plus les malfrats qui deviennent de plus en plus malins.

  • Le vol à la pompe est en recrudescence à cause de la crise.

    Le vol à la pompe est en recrudescence à cause de la crise.

«A chaque hausse du prix du carburant, c'est la même chose: on observe une recrudescence des vols à la pompe», lance Michel*, un brin fataliste. Gérant de trois stations services sur l'arc lémanique depuis plus de dix ans, il a vu le phénomène prendre de l'ampleur. «A certaines périodes, surtout en fin de mois, nous enregistrons jusqu'à un vol par jour», affirme-t-il.

Cinq vols par semaine

A Genève, les stations services ne sont pas toutes égales face à ce genre de délit. «En moyenne, nous enregistrons environ cinq vols d'essence par semaine dans le canton. Mais certaines zones, comme Meyrin, Perly et Plan-les-Ouates sont plus touchées. La frontière, avec la France voisine, y est pour quelque chose. Avec des plaques étrangères, il est en effet plus difficile de poursuivre les voleurs», souligne Jean Krucker, président de l'Association genevoise des exploitants de magasins de stations service (AGEMS). Et pourtant, dans la cité de Calvin, 99% des stations services sont pourvues de caméras de vidéo surveillance… ce qui n'empêche pas les voleurs de redoubler d'ingéniosité pour ne pas se faire prendre (lire ci-contre).

Simple vol

Ce genre de délit est considéré par la loi comme un vol simple qui ne se poursuit que sur plainte. «Nous enregistrons une quarantaine de cas par année, précise pour sa part Christophe Sauterel, porte-parole de la police cantonale vaudoise. Entre 2010 et 2011, nous n'avons pas constaté de hausse, mais ces chiffres ne sont pas représentatifs de la réalité, car tous les cas ne font pas l'objet d'un dépôt de plainte, poursuit-il. C'est regrettable, car la plupart des stations services sont maintenant équipées de caméras. Elles disposent ainsi d'éléments de preuve qui facilitent la procédure.»

A chacun sa méthode

Michel fait partie des gérants qui ont renoncé à poursuivre les malfrats. Il préfère les prendre sur le fait. Le dépôt de plainte représente, selon lui, trop de démarches administratives et une perte de temps: «Ces petites incivilités ne sont pas punies assez sévèrement. Cela ne dissuade pas les voleurs», affirme-t-il. Et de citer en exemple un braquage avec une arme dont il a été victime. «L'homme a été interpellé et confondu. Or, deux jours après, je l'ai croisé en pleine rue. Il était libre comme l'air». A l'instar d'autres gérants, Michel considère ces vols comme pertes et profits. «Sur une moyenne annuelle de 4 millions de litres vendus dans une station, j'en ai 4000 qui sont volés, soit une perte de 7000 francs environ», estime-t-il.

Pas de profil type

Ce gérant de stations services, constate que les voleurs ne sont pas typés: hommes, femmes, riches ou pauvres, ils appartiennent à toutes les catégories de la population. «Chez les voleurs d'essence comme chez les autres malfrats, l'habit ne fait pas le moine! Ce sont même souvent des conducteurs de grosses berlines ou de 4x4 de luxe qui partent sans payer», assure le gérant. Il constate toutefois que les cas ont tendance à augmenter en fin de mois: «Certains se saignent pour financer le leasing de leur voiture mais n'ont plus d'argent pour la faire rouler ou pour manger!»

Vidéosurveillance

Enfin, chez BP, les vols à la pompe restent rares, selon la responsable de communication, Isabelle Thommen: «Toutes nos stations sont équipées de vidéosurveillance ou sont situées dans des endroits bien visibles et éclairés. Cela dissuade sans doute les voleurs». Ceux qui s'y risquent néanmoins sont identifiés au moyen du numéro d'immatriculation de la voiture et se voient envoyer un courrier. «Dans cette lettre, nous leur signalons le délit et joignons un bulletin de versement avec le montant exact du forfait. Ils sont également avertis qu'en cas de non-paiement, ils seront dénoncés à la police», souligne Isabelle Thommen.

Info:
* nom connu de la rédaction