Marché de Noël aux Bastions: un Genevois a les boules

  • Le premier marché de Noël s’ouvre cette semaine à deux pas du Mur des Réformateurs.
  • Grégory Proz a travaillé plus de deux ans sur l’organisation d’une telle manifestation dans ce parc.
  • Son dossier n’a pas été retenu. Il estime qu’on lui a «piqué» son concept. Réponse de la Ville de Genève.

  • Grégory Proz avait déjà proposé en 2016 son projet de marché de Noël aux Bastions. DR

    Grégory Proz avait déjà proposé en 2016 son projet de marché de Noël aux Bastions. DR

«On lui a piqué son concept presque mot pour mot! Je suis écœuré»

Claude Proz, papa de Grégory

C’est le premier «vrai marché de Noël» à Genève, selon Guillaume Barazzone, en charge du Département de l’environnement urbain et de la sécurité (DEUS). En tout cas la première fois que «Noël aux Bastions» s’installe au parc du même nom. Avec 60 chalets, occupés, pour moitié, par des bars et restaurants, et, pour l’autre moitié, des artisans et designers. Un concept ambitieux – financé par des fonds privés – tablant sur une fréquentation à hauteur de 250’000 participants.

Consternation

A Genève, il y a un homme qui en a gros sur le cœur avec cette manifestation qui débute le 6 décembre: Grégory Proz, un Genevois de 33 ans diplômé en management de projet à la Haute école de gestion. Son travail de diplôme? Le marché de Noël justement.

Ils sont comme ça chez les Proz. «On adore Noël», confie son père, Claude, directeur du Théâtre du Léman, producteur et organisateur d’une multitude de manifestations sportives et spectacles, «consterné» par la situation. Pourquoi? Ce n’est pas que Claude Proz défende aveuglément bec et ongles son fils. Mais Grégory s’est investi à fond pour ce marché aux Bastions.

Des artistes et un réveillon pour les démunis

Au printemps 2016 déjà, il sollicite le DEUS pour proposer d’organiser un marché aux Bastions. Une association à but non lucratif – «et non une société commerciale» – est créée. Il prend contact et sollicite des rencontres avec des fonctionnaires du service. «En juin 2016, on nous dit qu’il faut une piste de ski, que le marché doit comprendre la Treille et la Vieille Ville. Je devais revoir mon projet mais il restait trop peu de temps. J’ai proposé de revenir en 2017», raconte Grégory Proz. Cette année-là, justement, il obtient la note de 5,9 pour son travail sur le marché de Noël. En mars 2017, il reprend contact avec le département de Guillaume Barazzone, propose une piste de luge «moins dangereuse que le ski». «Je n’ai jamais eu la moindre réponse», explique-t-il.

Les mois passent. En mai 2018, un appel d’offres pour un marché de Noël... aux Bastions est publié. Stupeur. «Il se base intégralement sur mon dossier de 2016», constate Grégory Proz. «Il a servi ce lièvre», estime un grand organisateur d’événements à Genève. Le dossier de candidature doit être adressé au plus tard le 20 juillet, le lauréat sera informé fin août. Grégory Proz envoie son nouveau projet avec 60 chalets, chemin et bar de glace, ateliers de chocolat, chapiteau, grande roue, etc. «Papa aurait fait venir des artistes et, le 24 au soir, on aurait offert un grand réveillon aux plus démunis», poursuit le jeune homme.

Qui demande des conseils et s’accompagne de personnalités: l’ancien conseiller d’Etat Carlo Lamprecht, l’avocat François Canonica, l’organisateur de manifestations Christian Kupferschmid. Tous sont avec lui. Grégory Proz défend son projet le 27 juin 2018 au DEUS. Il apprendra début septembre qu’il n’est pas retenu. «On lui a piqué son concept presque mot pour mot! Je suis écœuré», lâche Claude Proz. Pour Grégory, la magie de Noël opère un peu moins cette année.

Du 6 au 31 décembre aux Bastions.

"Traditionnel mais réinterprété"

Pascale Clemann est l’une des deux Genevoises qui organise le «Noël aux Bastions». «Nous étions intéressées depuis deux ans pour faire ce marché et avons répondu à l’appel d’offres de la Ville. Il a fallu aller vite. Nous nous sommes associées avec les organisateurs du marché de Noël zurichois», explique-t-elle. On ne trouvera pas l’étoile dorée à mettre en haut du sapin «mais quelque chose de plus moderne, plus design, dans une atmosphère chaleureuse et magique». «Noël aux Bastions» se veut ainsi «traditionnel mais réinterprété pour Genève avec des designers majoritairement locaux proposant une offre qualitative, diversifiée et répondant aux valeurs du développement durable». On pourra déguster une fondue dans le grand chalet chauffé, assister à des concerts, rencontrer le Père Noël et découvrir un tas d’animations pour les enfants, dont un carrousel. L’un des sponsors de l’événement – la société Provins – est valaisan. Mais Pascale Clemann promet que dans toute l’enceinte du marché, on pourra trouver du vin genevois!